Ode à la Flamme.

 Fêtes de la Victoire : le défilé des mutilés, 1919 (Nanterre, Bibliothèque de documentation internationale contemporaine.)

Ce 11 novembre 2023, à l’occasion de la commémoration de la Victoire de 1918 et du centenaire de lallumage de la Flamme du Souvenir, sous lArc de Triomphe, par le ministre de la Guerre, André Maginot, Élias Lemrani a prononcé un discours, rendant hommage à ceux dont le sang a coulé pour la Patrie, et appelant chacun, à ne jamais oublier le parcours de ces enfants de la France, devenus ses héros.

Par Élias Lemrani - Directeur fondateur et Rédacteur en chef de la Revue Le Contemporain, Président de son Comité scientifique.

M. le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis.

Imaginez. Imaginez, cette terre de France, meurtrie et mutilée. Ces paysages du nord et de l’est, mués en une toile d’horreur. Imaginez, ces forêts, dont ne subsistent qu’un champ de troncs, brisés et calcinés. Ce ciel, dont l’antique robe d’azur a été substituée par un sombre manteau gris. Imaginez, ce funeste souffle, qu’Éole fait abattre sur ces terres désolées, emportant avec lui, les gaz ennemis et les échos fantomatiques des cris de nos braves soldats. Ce paysage, c’est ce que l’on appelle la guerre.

Mais au milieu de ce chaos, la Vie semble refuser le règne noir de la Mort. Les fleurs sauvages, obstinées et refusant d’abdiquer, sortent, ici et là, des interstices entre les éclats d’obus et les débris de métal, parsemant les champs de bataille, du bleu des bleuets, du blanc des marguerites et du rouge des coquelicots. Peu à peu. Doucement. Les rayons du Soleil percent les denses nuages dans le ciel. Projettent une lueur vacillante sur ce champ de ruines. Une colombe apparaît, quand le clairon de Sellier sonne. Il est 11 heures du matin, ce 11 novembre 1918. Les canons et les mitrailleuses cessent d’aboyer alors que les cloches des églises se font entendre dans tout le pays. Des Marseillaises s’envolent des tranchées, des cris de joie inondent les plaines.

Cinq ans ont passé, lorsque ce dimanche 11 novembre 1923, le ministre de la Guerre, André Maginot, resté célèbre dans les livres d’Histoire pour la fameuse ligne de défense éponyme, dont il fut l’instigateur, s’apprête à allumer, sous la voûte glorieuse de l’Arc de Triomphe, là même où repose depuis trois ans, le corps sans nom d’un soldat français mort pour la Patrie, une Flamme en la mémoire de cet homme et en celle de tous ses compagnons. Aux 660 noms de héros, de la Révolution et de l’Empire, gravés sous l’Arc, la IIIe République n’en ajoute aucun, mais donne à ce lieu, par la figure de ce soldat inconnu, mille et un visages ; ceux des 1,3 million de militaires morts pour la France au cours de la Grande Guerre.

Aujourd’hui, Mesdames et Messieurs, un siècle jour pour jour après l’allumage de la Flamme du Souvenir, sa lueur continue de briller, sous l’Arc, mais aussi et surtout, dans le cœur de chaque Français. Malgré la pluie, malgré le vent, malgré la guerre, l’Occupation, les attentats, les confinements, la Flamme, jamais ne s’est éteinte. Mais notre devoir, à l’heure où les vents de l’est ont une odeur de fumée de tir, à l’heure où le monde s’embrase, est de veiller à ce que jamais, la Flamme ne s’éteigne, ni sous l’Arc, ni dans nos cœurs. Notre devoir, à nous tous, aujourd’hui réunis, autour de cette colonne aux morts, où sont gravés en lettres d’or dans le marbre blanc de l’Histoire, le nom de ces enfants de la France, devenus ses héros, en trois mots, le voici résumé : se souvenir, perpétuer, transmettre.

Je vous remercie.

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