« Je lui conseillai de protéger les gens de lettres »

 Remise des insignes de l'Ordre des Palmes académiques à Hubert Dejean de la Bâtie.


Plusieurs événements disparates ont cristallisé la réflexion d’une semaine chargée.

La séquence événementielle a débuté avec une réception de l’Ambassadeur du Luxembourg qui fêtait, tout à la fois, la fête nationale du pays éponyme et l’anniversaire de son souverain, le Grand-Duc Henri.

Alors que le public était majoritairement composé de Luxembourgeois, les conversations allaient bon train et l’attachement séminal à la langue luxembourgeoise que marquent tous les citoyens de ce pays ne saurait masquer une réalité linguistique évidente, ils sont tous francophones.

Le lendemain, le ministre de l’Enseignement technique du Congo Brazzaville, Monsieur Maguessa Ebomé était reçu par François Bussière Président de la Chambre de métiers et de l'artisanat (CMA) Île-de-France au CFA de Bobigny et le ministre m’y avait invité pour aller à la rencontre du Corps Consulaire de Normandie.

Une nouvelle fois, les échanges étaient féconds et nombreux.

La télévision du Congo Brazzaville était présente pour se faire l’écho de cette journée et, comme pour la manifestation précédente, une langue vernaculaire s’imposait à tous, le Français.

Le jour suivant était rythmé par deux événements.

En comité restreint et sympathique, Hubert Dejean de la Bâtie, le maire de Saint Adresse, ville qui fut, lors de la Première Guerre mondiale l’éphémère capitale de la Belgique, se voyait remettre les insignes d’officier des palmes académiques.

Si l’usage du français était, et c’est bien normal, de rigueur dans cette cérémonie, son discours adressait un des thèmes essentiels de notre temps, celui de l’importance de l’éducation et de la transmission des savoirs.

Le dernier événement était une fête viking dans le cadre somptueux de l’abbaye de Jumièges.

L’association Les Enfants de Rollon réussissait à fédérer plus de dix mille personnes autour d’activités qui entremêlaient la culture Viking des premiers Normands, leur histoire et leurs traditions.

Là encore, c’est l’appétence culturelle qui a structuré, sur le fond, l’événement.

Les facettes de l’histoire normande, des plus intellectuelles aux plus prosaïques, comme le combat et la fauconnerie étaient toutes là et le public s’est nourri des démonstrations en lien avec les modes de vies ancestraux, toujours vivants et transmis de génération en génération.

Il s’est aussi passionné pour l’histoire de la Normandie et à la généalogie de ses ducs, marquant un vif intérêt pour une association, l’AGNSC (Association Guillaume de Normandie de Sang et de Cœur) qui recense la descendance actuelle du Conquérant.

Au-delà de leur intérêt pour l’histoire et la culture de leurs ancêtres, tous les participants avaient fait fi des idiomes de ces ancêtres pour pratiquer une langue commune, le Français qui fédérait les normands de sang et les normands de cœur.

Rencontré à la manifestation, un normand, originaire de Kabylie, expliquait son attachement particulier à sa région d’adoption, à sa région de cœur, et à la culture normande.

Un spectacle exceptionnel y réunissait Claire Roignant, une rouennaise en engagée, qui campait la reine de Vikings et Raul Gamez, le baryton, d’origine cubaine, à la carrière internationale féconde, qui incarnait l’évêque baptisant Rollon, l’acte fondateur et pacificateur de la Normandie.

Là encore tous ces acteurs de talents étaient unis, dans leurs univers musicaux ou déclamant des textes, tous en Français.

Qu’en déduire ?

La chose est simple, la pratique d’une langue commune fut l’idée de génie de François 1er et de son Ordonnance de Villers Cotterêts.

Cette langue, dont nous pouvons tous être fiers le Français, fut protégée par l’Académie. N’était-ce pas le Cardinal de Bernis qui disait à Madame de Pompadour « Je lui conseillai de protéger les gens de lettres. Ce furent eux qui donnèrent le nom de Grand à Louis XIV. »

Il le fit. Faisons-le encore. Le temps n’est pas à une prétendue créolisation, mais à une francophonie forte qui nous permet de nous comprendre et nous ouvre au monde.

Quelle semaine !



Laissez-nous un commentaire

Plus récente Plus ancienne