■ Emmanuel Macron.
Par François Petitjean - Consultant et analyste de la communication politique, auteur de Adworld sur la publicité, Toxic sur les médias et Sine capita sur le numérique et l’IA aux éditions du Panthéon. Ancien dirigeant d’Omnicom WW (Marketing, Publicité, Contenus numériques).
Fin avril ou début mai 2027 prendra fin le second mandat d’Emmanuel Macron. Cette élection présidentielle fera suite à 10 années d’un pouvoir encadré par les lois de la 5e République. La Constitution interdisant une candidature pour un 3e mandat, Emmanuel Macron sera remplacé au terme d’une campagne présidentielle où son bilan ne pourra être défendu que par un(e) autre candidat(e). La question de cet article se dimensionne plus sur la future histoire de France que sur la comptabilité d’un bilan, avec une question qui taraude tous les anciens Présidents en partance : « Quelle trace vais-je laisser dans l’Histoire ? ».
Événements d’implication populaire : il s’agit des mouvements, initiatives, péripéties ou épisodes ayant suscité une émotion partagée par tous les Français. Pour E. Macron les catastrophes ont été de trois catégories : les gilets jaunes en novembre 2018, le premier confinement Covid 19 du 17 mars au 11 mai 2020 suivi de deux années « sous contrôle », et l’incendie de Notre-Dame le 15 avril 2019. Il est probable que la reconstruction de Notre-Dame restera dans l’histoire de l’artisanat français et qu’E. Macron en conservera quelques marques positives de postérité. Pour les deux autres événements, ces deux « quoi qu’il en coûte » de natures différentes ne laisseront qu’une empreinte d’expression fameuse, dont aujourd’hui nous ne ressentons que les effets économiques négatifs, au moins pour partie dans la dette abyssale.
Défense nationale : En 2017, début de mandat, un désaccord sur le budget de la Défense pousse dehors le Général De Villiers. On voit aujourd’hui quelle pente est à gravir dans l’urgence. Au Sahel : l’opération Barkhane au Tchad, au Niger et au Mali a été remplacée par les FFS (Forces Françaises au Sahel) pour une transition, puis un démantèlement complet en 2022. C’est un échec dont E. Macron n’est pas le seul responsable mais ses mandats n’en retiendront rien de positif. Ukraine : la France et l’Europe se tiennent au côté de l’Ukraine par la livraison d’armes et de compétences depuis le début de l’invasion russe le 24 février 2022 ( avec un peu de retard à l’allumage). Mais l’approche « négociante » avec V. Poutine et le « il ne faut pas humilier la Russie » laissera toujours un goût amer aux ukrainiens. Les choses avancent par l’Europe plus que par E. Macron, ce ne sera donc pas un fait d’arme historique personnel dans l’histoire des conflits de ses deux quinquennats.
Economie/Social : La politique de l’offre initiée dès le premier mandat en 2017 a porté ses fruits sur le taux de chômage (de 10,1% 2016 à 7,4% fin 2021), malgré quelques disparités. Cela aurait pu rester exemplaire sans le second quinquennat, et l’immensité de la dette qui n’a clairement pas été contrôlée. La réalité française est toujours la même depuis des décennies : la paix sociale est le corollaire de bons résultats économiques, et une politique de l’offre seule ne suffit pas. Aujourd’hui, à la suite de la « fameuse dissolution », les patrons menacent de quitter la France, et l’Assemblée Nationale tire vers l’excès inverse et un « trop de social » vecteur de dette supplémentaire. Echec également sur l’économie, donc.
Politique et stratégie : La stratégie du « en même temps » restera dans l’Histoire comme une destruction de la balance droite-gauche au profit de l’extrémisme. L’incompréhension de cette stratégie par l’électorat, et l’aspiration des voix par le R.N. est la simple conclusion d’un schéma qui n’a jamais trouvé de clarté. A cela s’est additionnée une forme de communication « hors sol », et plutôt méprisante qui conduit E. Macron a être le Président le moins aimé de la 5e République, jusqu’au hors-jeu actuel. L’entêtement a tué l’enthousiasme des débuts, et même les plus fidèles s’en sont allés creuser leur chemin. Au bout de celui d’Emmanuel Macron se dresse le spectre de l’extrême droite, plus forte que jamais, à l’envers de la promesse initiale. L’échec de la réforme des retraites est bien peu de chose à côté de ce risque-là. L’Assemblée Nationale balbutie un dialogue opportuniste et des votes au fil de l’eau, sans expérience d’entreprise, sans conscience du futur des français, dans la file d’attente de 2017.
On pourrait citer les innombrables citations contre-productives du Président, les ambitions internationales très au-delà de ce que la France représente réellement et bien d’autres choses, mais inutile de tirer sur l’ambulance.
L’absence de remise en cause personnelle a été le mantra principal de ce personnage qui aura traversé la France pendant 10 années, sans jamais la comprendre.
Note de l’auteur
Cet article ne représente pas une critique sur le fond des personnes publiques , mais une analyse des choses perçues, des risques liés aux communications du monde politique et des enjeux de celles-ci. Les noms cités ne le sont que pour comprendre leur impact au travers de décisions, de déclarations ou de comportements médiatisés.

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