■ Assemblée nationale.
Par François Petitjean - Consultant et analyste de la communication politique, auteur de Adworld sur la publicité, Toxic sur les médias et Sine capita sur le numérique et l’IA aux éditions du Panthéon. Ancien dirigeant d’Omnicom WW (Marketing, Publicité, Contenus numériques).
Choc historique des cultures : Contrairement à ce que l’Assemblée Nationale semble montrer, les chocs actuels des débats ne sont pas réellement politiques mais culturels. La France a toujours eu des dirigeants et élus (hors élus locaux) issus de la fonction publique pour leur grande majorité. Pas tous, bien sûr, mais la décision ultime est la plupart du temps le fait de groupes ou de personnes éloignés des réalités du « privé ». Ce « Public contre Privé » ne date pas d’hier et nous en retrouvons aujourd’hui un pur exemple dans les débats de l’Assemblée Nationale face aux propositions du gouvernement. Quelques alliances de circonstance et contre nature politique sur certains chapitres du budget démontrent que ce clivage est le plus puissant.
Le « Savoir Prendre » : Il n’y a qu’un mot pour désigner cette compétence : la taxation, qu’elle soit directe ou indirecte. Elle n’est pas inutile ou critiquable dans son ensemble car le système fonctionne bien (la France est la championne toutes catégories du prélèvement de l’impôt). D’une certaine façon, cela rassure les investisseurs et acheteurs de la dette qui savent qu’un filet de sécurité est toujours activable en France et que la base du budget de l’Etat est assurée. Mais l’inconvénient majeur reste que les débats ne portent que là-dessus : alléger les taxes pour les uns, les alourdir pour les autres, mais quelle que soit la formule, les députés et le gouvernement tournent en boucle sur cette idée, comme l’alpha et l’oméga des solutions. Ils sont formés pour cela : traiter l’argent public et formater le budget de l’Etat c’est-à-dire prendre pour dépenser, en résumé. C’est un vrai travail, mais il reste infertile sans injection d’une richesse productive. La culture du résultat semble cruellement manquer dans les différentes chambres du pouvoir.
Le « Savoir Produire » : la croissance de la France du 3e trimestre 2025 a été de 0,8%, au-delà des prévisions dont +1,1% dans l’industrie manufacturière. Il n’y a pas de quoi crier au rebond économique mais cela montre qu’une force productive existe bel et bien et que l’oubli de cet axe dans les débats politiques est une erreur basique. Il n’est évoqué que pour pointer les profits, et rechercher la taxe supplémentaire. Il est possible, voire même probable qu’un équilibrage fiscal soit une bonne idée, mais alors qu’un résultat positif d’entreprise devrait être une fierté il devient un objet de crainte pour les patrons. Le « que va-t-il me tomber dessus ? » traditionnel à la française prend aujourd’hui des proportions invraisemblable, la taxe Zucman en étant le porte-drapeau repoussoir le plus étonnant. Taxer la richesse non encore produite « dans le monde réel » ressemble à un monstre intellectuel qui pousserait tous les étudiants vers la fonction publique plutôt que vers la création d’entreprise. On ignore ce qu’il y a au-delà « d’on marche sur la tête », mais il faudrait inventer l’ expression. La création de richesse économique réelle est le résultat d’un travail, et non une simple magie boursière.
Et après ? Nous ignorons tous quelle sera l’issue des débats budgétaires actuels, mais espérons que nos élus ne décourageront pas la créativité, l’envie d’entreprendre, la recherche d’ouverture et d’innovation, pour que la richesse soit produite,
et non par avance confisquée.
Note de l’auteur
Cet article ne représente pas une critique sur le fond des personnes publiques , mais une analyse des choses perçues, des risques liés aux communications du monde politique et des enjeux de celles-ci. Les noms cités ne le sont que pour comprendre leur impact au travers de décisions, de déclarations ou de comportements médiatisés.

Enregistrer un commentaire