■ Le Musée du Louvre, plus grand musée du monde.
Par Jean-Baptiste Collomb - Ancien chargé d’enseignement des Facultés de Droit d’Aix-Marseille Université, ancien collaborateur parlementaire. Il est aujourd’hui spécialisé en assurances construction.
Vers 9h30, quatre malfaiteurs – deux prêts à s’enfuir en scooters, deux déguisés en ouvriers – ont pénétré la Galerie d’Apollon, sanctuaire des diamants de la Couronne et de la collection « Napoléon ».
Neuf pièces, ayant été portées par les Reines Marie-Amélie, Hortense, et les Impératrices Marie-Louise et Eugénie, ont été dérobées. La couronne de l’Impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, fut retrouvée brisée, stigmate d’une profanation.
Ironie de l’Histoire, cette parure appartenait à la dernière femme ayant véritablement gouverné la France. Catholique ultramontaine, Eugénie s’engagea néanmoins pour les femmes, décorant Rosa Bonheur de la Légion d’Honneur et soutenant Julie-Victoire Daubié, première bachelière française.
La Galerie d’Apollon, conçue en 1661 par Louis Le Vau et décorée par Charles Le Brun après l’incendie de la Petite Galerie d’Henri IV, symbolise l’éclat solaire de Louis XIV. Elle abrite la collection des « diamants de la Couronne de France » qui trouve sa source dans les lettres patentes de François Ier datant du 15 juin 1530 à l’occasion de son mariage avec Eleonore de Habsbourg. Ces lettres patentes, conservées aux Archives Nationales, dressent un premier inventaire des diamants qui demeurent propriété de l’Etat en vertu d’une clause d’inaliénabilité.
Cette collection, à l’origine modeste et comprenant notamment le « Carcan » d’Anne de Bretagne, fut enrichie sous Henri IV par l’acquisition du « Beau Sancy », par Mazarin et ses dix-huit diamants (les plus grands de la Couronne d’Angleterre), de façon remarquable sous Louis XIV avec le « Bleu de France » ou encore avec « Le Régent » qui orna notamment la Couronne du Sacre de Louis XV.
Le vol d’aujourd’hui, rappelant celui de l’épée de Charles X en 1976, ravive le spectre d’une perte irréparable.
Ces trésors, jadis symboles de la puissance de l’Etat, sont aujourd’hui l’héritage commun des Français, partagé avec le monde à travers des millions de visiteurs annuels. Ils incarnent la course du temps, de l’art et de l’Histoire, sublimée par les fresques de Le Brun.
Leur sauvegarde est un impératif, car ils portent la mémoire d’un génie français qui transcende les siècles. Ce drame, loin d’être un simple fait divers, interroge la protection de notre patrimoine et nous exhorte à préserver ces joyaux, dont la beauté et la symbolique continuent de faire vibrer l’humanité. Cet incident doit, ainsi inciter à une réflexion approfondie sur la sécurité des institutions culturelles, mais aussi sur la nécessité de préserver et de transmettre ce patrimoine, non seulement pour les Français, mais pour l’humanité entière.
Plus qu’un appel à renforcer les dispositifs de protection, ce vol nous rappelle que ces trésors, bien que matériels, portent une valeur immatérielle inestimable : ils sont les témoins d’une histoire qui continue de rayonner, invitant chacun à s’élever par la contemplation et le respect du génie artistique et historique.
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