■ Me Jean-Philippe Carpentier.
Elle agit comme le révélateur d’une fracture plus profonde, celle d’un corps social, semblable à un édifice lézardé par les siècles, menacé d’effondrement sous le fardeau de ses contradictions internes.
Plusieurs pays sont marqués par des gouvernements paralysés par l'immobilisme, des opinions publiques, fragmentées en bulles virtuelles, qui clament leur défiance sans entrevoir l'horizon d'une réconciliation.
Il existe pourtant des solutions à ces crises qui passent par la réappropriation de notre Histoire et peut-être en premier lieu de nos racines grecques antiques qui mettaient au centre de la Cité, sans cesse refondée, une méthode cardinale, le dialogue.
Notre Histoire millénaire nous l’a appris, l’essentiel est la restauration d'un lien authentique entre le peuple et ses représentants.
Souvenons-nous de Machiavel, non comme un cynique, mais comme un observateur lucide : le Prince qui survit aux tempêtes est celui qui sait écouter les vents du peuple.
Plutôt que de céder aux alliances improbables qui conduisent à des abstentions record, l'heure est à une pause introspective, loin des « posts » sur les réseaux sociaux par lesquels les discours politiques se muent en armes de division, opposant le "eux" au "nous" avec une virulence qui les transforme en pamphlets des temps modernes.
Pour sortir de la crise, il faut un sursaut éthique de dialogue apaisé.
De plus, et c’est, peut-être, pour l’avenir, le plus décisif, Il faut réinvestir l'éducation comme rempart contre le chaos.
Il s’agit de réapprendre le fait, c’est-à-dire la réalité, à nos jeunes, bombardés d'informations et, de la même manière, d’éviter que nos aînés, nostalgiques d'un âge d'or mythique, se replient dans le ressentiment.
Retrouver du lien et un destin commun exige de former des hommes éduqués et donc capables de dialoguer et de réfléchir collectivement à leur avenir.
C’était le sens et ce qui a présidé à l’édiction de l'ordonnance royale du 13 décembre 1698 par laquelle Louis XIV rendait l’instruction obligatoire et imposait aux parents de France d’envoyer leurs enfants, jusqu’à 14 ans, dans les écoles paroissiales, dites « petites écoles ».
Sortir d'une crise politique n'est pas l'apanage des seuls puissants ; c'est un devoir partagé et qui le sera nécessairement, en son temps, lors des retours successifs aux urnes.
En effet, notre société, en recherche d’ancrage et de repère vit de l'Union autour d’une civilisation commune et non de l'isolement.
Si la fracture est profonde, la résilience de nos sociétés occidentales est plus grande encore.
Puisant dans notre héritage, des écoles paroissiales de Louis XIV aux agoras grecques, nous devons réapprendre à construire ensemble, non pas dans l’illusion d’un consensus parfait, mais dans la réalité, celle d’un dialogue imparfait mais sincère, sous l’égide des responsables dont la seule boussole doit être le bien commun.
Mon expérience à la tête d’une collectivité m’a appris que la réussite de l’édile repose sur une action désintéressée, entreprise non pour soi, mais pour, avec et dans l’intérêt de ceux qu’il sert.
Comme l’Histoire nous l’enseigne, c’est dans l’épreuve que la Cité se refonde, et dans l’engagement collectif qu’elle s’élève.
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