Luxembourg, une monarchie face aux défis du XXIe siècle

 Me Jean-Philippe Carpentier aux côtés du Grand-Duc Guillaume V.
 

Trounwiessel, voici le nom en luxembourgeois de l’évènement du 3 octobre 2025 auquel j’ai assisté, invité et entouré d’un aréopage d’ambassadeurs.

Avant de mettre en perspective cet événement, qu’il me soit permis, une fois n’est pas coutume de rendre hommage au Grand-Duc Henri pour ses actions et ses 25 années de règne.

Le Grand-Duc Guillaume vient de prononcer son discours du Trône, marquant son avènement comme chef d’État du Luxembourg.

Debout devant son trône, il a rompu avec la tradition, symbolisant une monarchie moderne et proche du peuple, faisant ainsi écho aux paroles de la Grande-Duchesse Charlotte en 1919, « Je vivrai la vie de Mon peuple » , et s’engageant à partager les aspirations et défis de ses concitoyens, réaffirmant son serment constitutionnel d’intégrité, de neutralité et de dévouement.

La monarchie constitutionnelle luxembourgeoise incarne ainsi l’unité nationale et la continuité de l’État, sans exercer de pouvoir exécutif direct.

Le Grand-Duc joue un rôle symbolique, représentant le pays à l’international et renforçant la cohésion sociale.

Ce rôle, illustré par l’exil de Charlotte en 1945, reste crucial face aux crises contemporaines, tensions géopolitiques, incertitudes économiques, désinformation et changement climatique.

Dans son discours, le Grand-Duc Guillaume a su mettre en lumière la résilience du Luxembourg, un pays qui transforme les défis en opportunités grâce à des investissements dans les nouvelles technologies et la finance durable, précisant que cette dynamique soutient une économie robuste tout en préservant un modèle social inclusif.

Dans un pays où près de la moitié de la population est issue de l’immigration, le Grand-Duc appelle à bâtir des ponts entre communautés pour renforcer le vivre-ensemble, célébrant la richesse culturelle qui façonne l’identité nationale.

Face à la révolution de l’intelligence artificielle, il s’adresse à la jeunesse, soulignant la nécessité de cultiver l’esprit critique et les liens humains pour préserver la créativité et la solidarité.

Après avoir rendu hommage à ses parents, le Grand-Duc Henri et la Grande-Duchesse Maria Teresa, ainsi qu’à son grand-père, le Grand-Duc Jean, pour leur engagement, il a souligné le rôle de la Grande-Duchesse Stéphanie, à ses côtés, que renforcera la visibilité des causes sociales et culturelles.

Par ce discours, il positionne la monarchie comme un pilier de stabilité dans un monde en mutation.

Le Grand-Duc Guillaume souhaite incarner une monarchie évolutive, ancrée dans la tradition mais tournée vers l’avenir, prête à relever les défis d’un Luxembourg multiculturel et innovant.

Les travaux historiques de Pierre de La Gorce reprennent des propos de Charles X, un aïeul que je partage avec le Grand-Duc, et que ce dernier aurait presque pu prononcer en remplaçant la France par le Luxembourg, « La France est ma famille, et je veux son bonheur ».

En ces temps où les monarchies sont souvent déstabilisées, le Grand-Duc Guillaume pose implicitement les jalons voire les facteurs qui permettront d’en assurer la pérennité en positionnant la monarchie luxembourgeoise comme un symbole d’unité et de progrès, capable de répondre aux défis du XXIe siècle tout en restant ancrée dans son héritage.

C’est peut-être cela le futur des monarchies européennes, une modernité unificatrice, conjuguant héritage et innovation pour relever avec éclat les défis du monde contemporain.

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