■ Maître Jean-Philippe Carpentier.
Ce mois de janvier fut scandé par plusieurs occasions, chacune d’importance diverse.
Alors que j’avais insisté, depuis plusieurs mois, sur l’importance du mémoriel international, positionnant fortement le Corps Consulaire de Normandie, dont je suis le Président, sur cette question centrale par l’organisation d’accords avec mon homologue des Hauts de France, une classique cérémonie des vœux a ravivé, in concreto, cette flamme mémorielle.
Cette réunion rouennaise des associations d’anciens combattants sous la houlette de Brigitte Brière, leur présidente, servit d’ancrage à cette question essentielle, celle du sens de ce mémoriel.
Porte-drapeaux, étendards, souvenirs des guerres, entretenus par de nouveaux venus étaient autant de signaux, faibles et forts, de l’importance pour notre culture et notre civilisation de conserver le souvenir des sacrifices de ses enfants, Français, européens et de tous ceux qui se sont battus pour que leurs patries demeurent et pour notre liberté à tous.
Mais cantonner la mémoire des guerres à une période ultérieure à 1914 serait une erreur.
Si notre culture se souvient encore de la Rome antique, de ses auteurs, de ses artistes, de ses soldats, de sa civilisation, dont la nôtre est un prolongement, c’est parce que nos prédécesseurs ont su en préserver la mémoire, au Moyen-âge, la redécouvrir à la Renaissance, la valoriser sous Louis XIV et la perpétuer, encore, dans nos écoles et nos universités.
Les Académies, fondées au Grand Siècle, demeurent. Versailles éblouit toujours mais que retenons-nous des victimes des guerres des 1500 dernières années ? … bien peu, sommes toutes.
Ils partageaient pourtant tous, ces soldats, ces morts, notre humanité, tout comme Louis XVI auquel j’ai rendu un hommage familial le 21 janvier.
Il ne s’agit pas de politique, il s’agit d’autre chose.
C’est le 27 janvier 2025, à l’occasion de la Soirée de commémoration du 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz que la question du sens du mémoriel s’est posée avec encore plus d’acuité.
Inspiré par une combinaison de sons, d’images, de réflexions partagées, faisant fi d’un discours que j’avais préparé, avec émotion, j’en ai modifié les termes, proposant une analyse nouvelle, un changement épistémologique profond, une solution pour respecter cette génération de victimes de la Shoah qui disparait.
A l’heure des inversions accusatoires de quelques-uns, face à ces témoignages de survivants de ce camp d’Auschwitz qui annonçait le crépuscule de notre humanité, un mot s’est imposé, nettement, sobrement, celui de compassion.
Le sens des actions mémorielles était là, si naturel.
Loin des « plus jamais ça » entendus si souvent et qui finalement ne permettent pas de lutter contre les actes de barbarie de toute nature, j’ai vu la Résistance, celle qui fait que l’espoir ne meurt pas et que nous, Français, avons encore un destin commun.
Témoigner et raconter l’histoire, toute l’histoire, sans idéologie, c’est sûrement la meilleure voie à suivre pour apaiser et réconcilier la société. Résister et s’unir, c’est aussi la meilleure voie à suivre pour construire notre futur.
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