Le Jeu ou La fillette au cheval de bois

 L'Infante Marguerite en bleu, de Velázquez.

Par Antoine Bourdon

C’était en la maison claire d’hiver
Où la lumière qui l’inondait, chaude
Quand même traversant les murs de verre,
Semblait toute émaner d’elle. Pataude

Près de la bibliothèque d’acajou
La gamine un peu rondelette jouait;
Fredonnant pour elle seule de doux
Airs à son cheval de bois, elle vouait

À la quiétude de cet endroit, calme
De tout son jeu, ses paroles qu’on, l’ouïe
Bien fine, n’entendait point : de ses palmes
Blanches aux pieds, tuba, lunettes… oui…

Ce n’était point clair. Tout en empoignant
Le cheval de bois par la bride, en main
Le peigne, elle lui lissait vaillamment
Ses poils roides de paille beige. Teint

De tout le soin du père, on y voyait
Bien les rayures, et les quelques nœuds.
Tout de bois de pommier le jouet était
L’attraction de la pièce. En l’âtre un feu

Près de l’enfant y consumait trois bûches
Noirâtres, réchauffant le fauteuil d’où
Personne ne lisait, plus une cruche
D’or et d’argent vide où se voyait tout

Ce jeu; polie, la fillette sans doute
Ignorait son image sur la cruche;
Elle pensait, chantait en songes toutes
Les abeilles sous la neige des ruches.

Laissez-nous un commentaire

Plus récente Plus ancienne