■ Le portrait de Louis XIV en costume de sacre, réalisé en 1701 par le peintre français Hyacinthe Rigaud.
Que verrait-il ? Son royaume jadis uni sous la main ferme du monarque, aujourd’hui livré à une paralysie institutionnelle, morcelé en factions parlementaires irréconciliables, accablé par une dette publique qui tutoie les cieux et traversé par un malaise sociétal profond.
Plaçons-nous dans la fiction : Louis XIV, fidèle à cette constance inébranlable qui marqua son règne, déploierait les remèdes qu’il prescrivit jadis dans ses « Mémoires pour l’instruction du Dauphin ».
D’abord, il rétablirait sans délai l’autorité centrale, reprenant en main le régalien sans se laisser entraver par des assemblées divisées ou des coalitions éphémères. Face à l’instabilité gouvernementale qui voit les Premiers ministres se succéder comme des ombres, chutant sur des motions de censure ou démissionnant au bout d’un jour, il abolirait toute illusion d’un Premier ministre omnipotent.
Travaillant sans relâche, informé de tout, écoutant les moindres plaintes de ses sujets, il se consacrerait à leur sécurité et à leur bien commun.
Tenté, en première analyse par un exercice uniquement vertical du pouvoir, il y renoncerait finalement en faisant sienne la modernité démocratique.
Il dissoudrait vraisemblablement le Parlement et convoquerait des États généraux du XXIᵉ siècle, dans l’esprit des principes énoncés par Philippe le Bel en 1302 :
Les peuples de France ne sont pas tributaires mais libres ; nul impôt sans consentement ;
Le gouvernement du roi se fait toujours par conseils.
Pour redresser les finances dégradées, ce fléau qui mine le royaume avec un déficit persistant et une dette vertigineuse, il s’inspirerait de son alliance avec Colbert. Il nommerait un contrôleur général des finances d’une probité absolue, choisi non pour ses intrigues partisanes mais pour son mérite pur, afin de traquer la corruption, éradiquer les gaspillages et réformer l’impôt avec rigueur.
Comme jadis lorsqu’il fit arrêter Fouquet pour son enrichissement excessif, il purgerait les excès puis imposerait une gestion budgétaire raisonnée, stimulant le commerce, les manufactures et les infrastructures par un mercantilisme adapté à notre époque : investissements dans les énergies nouvelles, protection des industries stratégiques et de l’agriculture et « nearshoring » des chaînes vitales.
Sur le plan sociétal, face au vieillissement accéléré et au désir d’exil qui trahissent un désarroi abyssal, il restaurerait l’unité nationale par le prestige et la gloire. Peut-être trouverait-il quelque consolation en voyant des figures étrangères, tel George Clooney, récemment, demander la naturalisation par amour de la culture française.
Versailles fut l’instrument du roi pour apprivoiser la noblesse frondeuse ; aujourd’hui, il y érigerait un nouveau symbole moderne de centralité, cristallisant la fierté autour d’un grand projet national, spatial, numérique ou climatique, pour rallier élites et peuple autour de la France.
Il renforcerait l’armée et la diplomatie, affirmant la souveraineté face aux tumultes géopolitiques, et imposerait une politique familiale audacieuse pour contrer le déclin démographique, tout en apaisant les tensions migratoires par une autorité ferme mais juste.
Enfin, conscient des périls climatiques qui menacent le royaume comme jadis les guerres épuisantes, il mobiliserait l’État pour une transition souveraine, investissant massivement dans les renouvelables tout en préservant la grandeur nucléaire. Car un monarque absolu ne saurait tolérer que la France dépende d’autrui ou succombe à l’impuissance.
Rompant avec l’excès de surréaction à l’actualité, il ne considèrerait pas gouverner seulement pour demain, mais pour l’Histoire, en concevant avec force des politiques qui dépassent les contingences et les caprices du moment.
Ainsi, par la fermeté des résolutions, l’amour de la gloire et une application incessante au travail de l’État, Louis XIV mettrait toute sa force à justifier ses propres mots : « On ne fait jamais rien d’extraordinaire, de grand et de beau, qu’en y pensant plus souvent et mieux que les autres. »

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