■ Me Jean-Philippe Carpentier.
Brazzaville, c’est avant tout Pierre Savorgnan de Brazza, cet homme qui refusait la violence, valorisait le respect de l'autre, le sens de la justice et de la dignité humaine et qui a posé les bases d’un lien indéfectible entre l’Europe et l’Afrique, entre la France et le Congo.
Cette préparation m’a replongé dans l’histoire et notamment l’histoire de la seconde guerre mondiale, puisque je comptais parler du Général de Gaulle et de cette cité qui fut capitale de la France libre.
Je pensais à l’honneur et me souvenais, sans l’attribuer d’une citation « L'honneur ne se sacrifie jamais, on lui sacrifie tout, jusqu'à la vie elle-même. »
Puis je m’en suis souvenu, elle était de Jean-Edern Hallier, auteur de « L'honneur perdu de François Mitterrand ».
Quittant la lecture de cet opuscule au chapitre de la francisque, je me concentrais sur le Général et Brazzaville.
Je reprenais son discours de Brazzaville du 30 janvier 1944 et sa définition de la France « la nation dont l'immortel génie est désigné pour les initiatives qui, par degrés, élèvent les hommes vers les sommets de dignité et de fraternité où, quelque jour, tous pourront s'unir ».
Quelle parole éclairante et quelle leçon d’honneur, mais aussi quel oubli.
En effet, qui se souvientaujourd’hui du rôle essentiel de Brazzaville et de ce discours ?
Qui se souvient de ces paroles du Général, la France a trouvé ici, à Brazzaville, « le refuge de notre honneur et de notre indépendance » ?
Cette notion d’oubli est centrale car, si 2024 avait vu le débarquement célébré de manière éclatante, peu s’en sont souvenus le 6 juin 2025.
Son anniversaire n’a fait aucun gros titres, tout au plus quelques publications sur des réseaux sociaux.
Cet oubli est-il dans l’ordre de l’histoire, comme on oublie aujourd’hui Marignan, les batailles napoléoniennes, les grandes batailles de 1870 et les poilus de la première guerre mondial, ou doit on raviver le souvenir et entretenir la flamme comme le font si bien les anciens combattants ?
Que deviendront nos célébrations mémorielles quand ces générations auront disparu ?
Cette question est loin d’être anodine et c’est une question de fond.
L’histoire n’est pas un fait divers. Ces guerres qui ont fait l’honneur des combattants ne sont pas des faits divers et ramener leurs sacrifices et leurs morts à un fait divers serait une erreur.
Bien au contraire, l’histoire influence, structure et elle est l’honneur de notre société.
« Le temps est venu de réparer mais non de démolir », disait Charles X.
Il y a dans cette formule une sorte de modernité, comme il y a une modernité à faire sortir Brazzaville de l’oubli.
La raison en est simple, construire l’avenir suppose des principes et l’un de ces principes c’est de tirer les leçons de notre histoire ce qui suppose de la connaître et de relever les défis de notre monde, avec panache, bref, avec honneur.
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