Étienne de Montety, Grand prix du roman de l’Académie française 2020 : « La douceur est une quête »


 Étienne de Montety (© Stock).

Étienne de Montety - Écrivain (Grand prix du roman de l’Académie française 2020), directeur adjoint de la rédaction du Figaro et directeur du Figaro littéraire.

Propos recueillis par Élias Lemrani, directeur de la Rédaction du Contemporain.

Le Contemporain - Étienne de Montety, votre roman, La Douceur, porte le nom d’une quête, celle d’un laborieux retour à la vie, après avoir subi l’horreur et la barbarie nazies. Qu’est-ce que pour vous la douceur, tant recherchée par May, dans votre ouvrage, qui alors qu’elle était en captivité à Ravensbrück, trouva une rose dans un jardin excentré du camp où sont logés les gardiens et leurs familles, et qui, dès lors, cherchera toute sa vie durant cette si belle sensation de douceur ?

Étienne de Montety - Il est vrai que la douceur est un état, mais est aussi une quête. Une quête que tous, nous entreprenons, parce qu’au fond, elle est la quête de la vie. Tout le monde recherche sous un nom ou sous un autre cet état de douceur. Le point de départ de mon récit est la déportation, c’est-à-dire la destruction des liens humains, la destruction de l’humanité et de l’estime qu’on peut avoir pour un être. La douceur est la reconstruction d’une humanité et d’une relation avec les autres êtres humains. Je vais employer un grand mot qu’il faut utiliser avec délicatesse, la douceur, c’est la civilisation ; des êtres et des idées, qui, finalement parviennent à vivre les uns avec les autres selon des rapports sociaux, affectifs, amicaux, conjugaux ou que sais-je. Cette espèce d’harmonie peut être résumée par ce bout de douceur. Bien que dans mon livre, mon personnage est parvenu à se reconstruire grâce à sa rencontre avec les roses, cette douceur n’est pas nécessairement donnée par un objet. Mon livre porte aussi sur l’Amour d’un homme et d’une femme parce que cette douceur, on la recherche aussi au contact de l’Autre. Cette quête va vers les autres ; elle peut être celle de l’amitié, de l’amour, ainsi que de l’estime que l’on peut recevoir des autres. La douceur, c’est cette recherche de reconstruction.

Le Contemporain - On en apprend beaucoup sur la rose, le monde méconnu des roseraies et des passionnés de la rose. Pourquoi avoir placé cette fleur au cœur de votre livre ?

Pour deux raisons. La première est que le personnage dont je m’inspire est une femme qui a été déportée à Ravensbrück, et qui, par ailleurs s’était passionnée pour les roses. J'avais donc ce point biographique. Mais de la biographie de cette femme, j’ai écarté nombre d’aspects qui ne m’intéressaient pas, et qui ne nourrissait pas mon propos. Alors pourquoi ai-je gardé la rose ? Parce que la rose est une fleur exceptionnelle, au point d’en être presque banale d’ailleurs. On la trouve partout ; tous les pays du monde, à peu près, parviennent à cultiver la rose. C’est une fleur vivace et universelle. Elle a effectivement connu un essor grâce à des botanistes français de la région de Lyon, mais on en trouve au Kenya, en Asie et jusqu’en Amérique latine. Il y a donc un universalisme de la rose qui me plaisait assez, et qui était une réponse, là encore symbolique à la guerre, que fut cet affrontement entre les pays, gangrénés du nationalisme le plus étroit. D’ailleurs, la première rose a avoir été primée par tous ces concours que j'évoque, s’est appelé la « Rose Peace ». Parce que les promoteurs de ces événements ont eu envie au-delà des recherches et des performances botaniques, d'en faire une occasion de rencontre, d’échange, entre les pays : une sorte de soft power, comme on dit en bon français, de diplomaties douces. Douces comme une rose.

Le Contemporain - Le récit est rythmée par deux journalistes, Barbara, une jeune Allemande, rebelle, qui a le poids de l’histoire de son pays sur ses épaules, et le narrateur, sans nom, qui écrit dans les pages Style, Voyage et Art de Vivre d’un magazine, qui a eu une enfance assez difficile, et qui trouva refuge dans la littérature. Ils rencontrent à Constantia, une ville imaginaire, aux antipodes, en Australie, à l’occasion d’un forum mondial dédié à la rose, May, cette belle septuagénaire, aristocrate très élégante, présidente de l’association, qui y tient un discours. C’est en la voyant à la plage, dans un tout autre contexte qu’une part de sa vie cachée se devine aux jeunes journalistes, que le masque fragile qu’elle s’était peu à peu construit, s’effrite. Pourquoi avoir fait ce choix de commencer votre récit, si loin de nous, en Australie ?

J’ai eu envie de commencer mon livre par les antipodes du destin de May, à l’autre bout du monde, loin de notre vieille Europe, de son histoire et de ses guerres : en Australie, qui n’est pas exempte d’ailleurs des guerres et des horreurs. L’Australie a connu des choses terribles, notamment l’extinction des aborigènes qui est une autre forme de dette nocive ; une histoire ignorée des Européens qui pensent que la seule violence de l’histoire du monde s’est déroulée en Europe. Par ailleurs, j’ai eu envie, également, d’évoquer des journalistes qui menaient une vie absolument opposée à celle de May qui avait été une vie sous le signe de l’engagement et du courage, mais aussi de la souffrance. Et face à cette vie lestée par le poids de l’existence, j’ai inventé ce personnage de journaliste ; et c’est peu dire que j’en connais beaucoup de journalistes ! Mes camarades de l’Art de vivre au Figaro voyagent dans le monde entier pour faire d’agréables reportages, découvrent de splendides hôtels, et des sites magnifiques tout frais payé. Ça a introduit une sorte de légèreté, même de futilité, donc en opposition complète avec le destin de May. Et c’est leur rencontre qui va effectivement créer des étincelles de part et d’autre. Je pense que cette rencontre avec ces deux journalistes plus jeunes qu’elle, libère en effet May d’un fardeau, tandis que le narrateur, au contraire, y gagne un certain sérieux. Il comprend que la vie n’est pas que voyage, n’est pas que plaisir, n’est pas que beauté et esthétique. Elle est aussi lestée par le poids de l’engagement, le poids de la guerre : on n’a pas à fuir cet aspect de l’existence. On a à l'assumer, voire à l’admirer. C’est de cette rencontre, de cette étincelle d’où jaillit toute mon histoire.

Quant au choix la plage, il m’a beaucoup intéressé. Tout d’abord, il y avait l’eau, qui, dans toutes les religions, et dans toutes les cultures, est synonyme de vie et de purification : dans l’idée que cette femme revienne à la vie, comme Vénus anadyomène, comme le baptême pour les chrétiens, comme le peuple juif, qui, après la grande épreuve de la déportation, se libère d’Égypte par la mer Rouge, par l’eau. Par ailleurs, la plage est un lieu hautement intéressant : les gens y sont tout à fait différents de ce qu’ils peuvent être dix minutes après, une fois revenu sur la promenade, puis dans les rues alentours. Des sociologues ont étudié ces sujets et sont arrivés à des conclusions tout à fait curieuses. En maillot de bain, on offre un autre regard aux autres : chacun est un peu dans sa bulle. Chacun regarde la mer, parallèlement – disons qu’il est assez peu courant de surveiller ses voisins. J’ai voulu que sur cette plage, comme il en existe des milliers sur la terre, tout d’un coup cette femme, May, fasse tomber le masque et présente un autre visage. Que la dame très apprêtée, très bien coiffée, très élégante, ne présentant aucun défaut et aucune faille qui pourrait la trahir dans son histoire, dont elle ne parle jamais, se voit transformée, en son maillot, en une femme, comme tant d’autres. Son attitude décontractée et informelle n’a pas vocation à être vu des autres : pour les centaines de vacanciers qui sont sur cette plage, elle est une femme, tout ce qu’il y a de plus lambda, qui se baigne, puis revient de son bain s’allonger, sécher au soleil. Un tableau absolument anodin, sauf pour deux personnes, mes deux journalistes, qui prennent par hasard un verre sur la promenade au-dessus de la plage, et pour qui May n’est pas une baigneuse anodine, mais cette femme qui, d’un seul coup, entre dans une situation où elle n’est plus grande présidente, mais simplement une femme qui se baigne de manière décontractée, dans un cadre informelle. Bref, une femme comme les autres. C’est-à-dire avec aussi sa part d’intime et peut-être, c’est là que la vie va prendre une accélération, de failles. Et, comme vous le savez, quand on est journaliste, on s’intéresse aux failles.

Le Contemporain - Entre Barbara et le narrateur, enfants de la prospérité d’après-guerre, des « Trente Glorieuses », et May, résistante et déportée, est-il juste de parler d’un choc des générations ?

Plutôt une rencontre qu’un choc. J’ai construit mon livre avec trois pôles : Barbara, mon narrateur, qui n’a donc pas de nom, et May. Comme dans une circulation triangulaire, il va s’établir des mouvements. Barbara et May sont des femmes, qui ont une connivence féminine. Ici, le narrateur, qui est un homme, joue le rôle de témoin. Barbara et le journaliste sont à peu près de la même génération, bien qu’elle soit un peu plus jeune que lui. Face à eux, une autre génération : celle de May. Ce sont les jeunes face aux vieux pour caricaturer. Barbara est Est-Allemande, et les deux autres sont Français, avec le point de vue français sur la guerre : il est passionnant d’étudier comment cette histoire est perçue des deux côtés du Rhin. Et finalement, il y a une circulation qui s’établit même dans les sentiments. Il y a une affection qui se construit entre cette femme et ces deux journalistes, un sentiment qui naît entre les deux journalistes. Il y a un sentiment presque filiale qui s’établit entre Barbara et May. Je vous parlais d’une relation entre femmes, mais c’est aussi une relation de grande sœur à petite sœur voire peut-être de mère à fille. Tout ça circule. J’ai découvert avec plaisir que mon roman fonctionnait largement là-dessus ; ce sont des choses qui apparaissent d’elles-mêmes sous la plume de l’écrivain, qu’on ne pense pas à l’avance.

Le Contemporain - À ces deux générations, s’ajoutent une troisième, celle de son père, vétéran de la Grande Guerre…

J’ai pu observer, à travers mes recherches, la rupture entre les hommes de 1914-1918 et les hommes et les femmes de la guerre de 1940. La Première Guerre mondiale fut un conflit classique, une guerre conventionnelle d’hommes en uniforme, alors que la déportation, incarne l’horreur la plus folle. Quelque chose d’inimaginable vingt ans plus tôt. L’idée que qu’une jeune fille puisse revenir des camps, en pesant quarante kilos, pour un père, c’est monstrueux. De plus, la Seconde Guerre mondiale et la Résistance impliquèrent également des femmes. Alors que l’idée même qu’une femme puisse s’engager dans un conflit demeurait inconcevable pour un homme de la génération précédente : la femme n’est pas un être de guerre, mais un être de paix, gardienne du foyer. Pour le père de May, que ce soit sa fille qui doive supporter le poids de la guerre était tout à fait insupportable.

Le Contemporain - Vous dépeignez, en vous appuyant sur de véritables témoignages, la vie, noire, des déportés dans les camps de concentration nazis, notamment, la naissance de petits îlots d’amitié, de délicatesse, de douceur, entre les déportés, où l’on y fêtait, par exemple, les anniversaires. May recevra d’ailleurs d’une amie, à son anniversaire, un rouge-à-lèvre, qui, colorant de carmin une vie d’effroi, fut à ces yeux tel un acte de résistance. Les Allemands gommant et l’humanité et la féminité de ces femmes…

Bien sûr ! Je me suis appuyé sur les témoignages, décrivant avec exactitude la barbarie nazie, de Primo Levi, Georges Semprun, Marceline Loridan-Ivens, Germaine Tillion ou encore Geneviève de Gaulle, rescapés des camps nazis. Tout ce qui est dit des camps dans le roman est vrai. J’ai découvert à travers les témoignages un monde frappant : dans cet environnement uniformément gris, violent et injuste, il y avait des îlots d’humanité. Germaine Tillion, grande résistante et ethnologue, avait réussi à composer une petite opérette à Ravensbrück, jouée dans un bloc du camp. C’était un acte incroyable de résistance, où les femmes chantaient des chansons drôles sur des airs populaires, pour se moquer de la vie dans le camp. Il y avait aussi un marché noir, des échanges de petits objets, malgré la sévérité du règlement. Dans mon roman, vous avez raison, May se lie d’amitié à une jeune communiste, Manette : ces amitiés étaient nécessaires à ceux qui désiraient survivre. Le simple fait de se rougir les lèvres, dans mon livre, est un acte de résistance magnifique dans cet univers gris, symbolisant la féminité et la coquetterie ; mettre du rouge à lèvres, c’était défier Hitler, qui détestait le rouge à lèvre chez les femmes, comme un geste de désobéissance, comme Antigone désobéit à Créon. Par ailleurs, il est très intéressant de constater comment certaines amitiés improbables ont émergé dans les camps, et dans la Résistance, des aristocrates côtoyant des communistes, comme May qui côtoie Manette, unissant leurs forces face à l’horreur. Ces relations, forgées dans la souffrance, ont souvent perduré après la guerre. C’est un constat qui montre que dans des circonstances extrêmes, la solidarité dépasse largement les origines sociales et culturelles : « l’Union sacrée » prend le dessus.

Le Contemporain - Après le retour de Ravensbrück, témoigner a été très difficile pour les survivantes de la Shoah. Simone Veil évoquait cette période de vingt ans de silence. Nous remarquons une difficulté similaire chez les vétérans de grandes guerres, d’Indochine ou d’Algérie, que notre revue a pu rencontrer…

En effet, c’est un trait commun entre le résistant, le déporté et le soldat, quand vient le temps de la reconstruction. Il y avait après la guerre une difficulté à parler, une sorte de pacte tacite de silence des deux côtés : la société voulait tourner la page, et les déportés ne voulaient pas imposer ce poids à leurs proches. À leur retour des camps, certains déportés devaient même faire face à d’indécentes remarques, ou étaient retenus par un véritable blocage psychologique. Ils avaient le sentiment qu’il fallait tourner la page et reprendre la vie là où elle s’était arrêtée, en silence. Cependant, peu à peu, avec les questions des enfants et des petits-enfants, un besoin de témoigner est né. Ce besoin est apparu lorsque certains survivants avaient fait le deuil de certaines choses. Il y avait une toutefois gêne, surtout chez ceux qui ne s’étaient pas engagé contre l’occupant, voire qui avaient agi de manière répréhensible durant cette période. L’idée était de jeter un voile sur cette époque pour que la vie reprenne. Cela arrangeait tout le monde. La multitude de témoignages qui a émergé à la suite de cette période, celle de la guerre et des camps de concentration, a montré que le témoignage, que ce soit oralement dans de grandes émissions ou par écrit, est une forme, également, de libération. Dans mon livre, May est poussée à témoigner, mais elle a l’âme fragile, fissurée ; comme une morte vivante, elle ne ressent plus rien, semblable au Colonel Chabert de Balzac. Un médecin lui conseilla alors d’écrire.

Le Contemporain - Les rescapés des griffes hitlériennes sont victimes de répercussions psychologiques importantes, même bien après la libération ; tous avons entendu parler à la suite de grands drames du syndrome du survivant. Dans votre roman, May voit sa sensibilité être bousculée : voir un sans-abri devient notamment insupportable pour elle. C’était une face de la « vie d’après », sans doute plus méconnue, que vous teniez à montrer ?

Les répercussions psychologiques ont été nombreuses chez ces personnes revenues des camps, notamment l’apparition chez elles d’une sensibilité exacerbée. Paradoxalement, après avoir fait preuve de tant de courage, elles ne pouvaient plus supporter de voir des scènes de misère ou de violence. Cette sensibilité désordonnée était commune à beaucoup de ces femmes ; elles en parlaient entre elles. Cela m’a permis de m’imaginer cette May, bien habillée, ne laissant rien transparaître de ses blessures intérieures. Pour certains, ne serait-ce qu’entendre parler allemand après la guerre était insupportable, car c’était la langue du bourreau. Je me suis beaucoup concentré sur la psychologie de mes personnages, ce qu’ils ressentaient, avec une profondeur que l’on ne trouve pas toujours dans les livres d’histoire.

Le Contemporain - Vous êtes fondateur du festival du livre d’Histoire de Versailles. Quelle relation entretenez-vous avec l’Histoire ?

L’Histoire est une passion, et il me semble qu’il est nécessaire d’en être passionné pour mieux comprendre le présent. Mais parfois, on peut avoir la tentation de fonctionner uniquement en regardant dans le rétroviseur, car l’esprit humain fait que l’on pense souvent que c’était mieux il y a cent ans ou trois cents ans. Je renvoie ceux qui pensent cela aux progrès de la médecine, par exemple. Aujourd’hui, beaucoup de personnes sont en vie grâce à ces progrès, alors qu’il y a cinquante ou cent ans, elles ne seraient plus parmi nous. Je crois donc que chaque époque a ses qualités et ses défauts, ses progrès et ses régressions. L’Histoire reste néanmoins un champ d’exploration fascinant, infini et extraordinaire. Elle nous apprend beaucoup sur nous-mêmes. Cela explique aussi la passion des Français pour la généalogie. Que nos histoires personnelles ou familiales soient glorieuses ou modestes, chaotiques ou linéaires, on a tous ce désir de savoir d’où l'on vient, cette quête de nos racines. Et cela se renforce encore plus, malgré les progrès de la biotechnique, qui peuvent créer des êtres venus de nulle part. L’être humain a profondément en lui ce besoin de savoir d’où il vient, qui il est, et bien sûr, de quel pays, de quelle civilisation, de quelle culture et de quelle religion il provient.

L’Histoire commence souvent avec nos parents ou nos grands-parents. Pas besoin d’être spécialiste de Louis XIV ou de Vercingétorix pour en apprendre sur le passé. Interroger ses parents sur ce qu’a été leur vie il y a cinquante ans, ou encore ses grands-parents, nous plonge dans un monde qui a changé si rapidement. Par exemple, s’ils ont vécu en Algérie dans les dernières années de la présence française, à la fin des années 1950 ou au début des années 1960, leur vie quotidienne, bien que peut-être ordinaire à l’époque, est devenue aujourd'hui un témoignage précieux. C’était alors la vie de jeunes Français à Alger, semblable à celle qu’on pourrait avoir aujourd’hui à Marseille ou à Nice, au bord de la Méditerranée. Mais pour leurs petits-enfants, tout cela paraît bien différent, car tout a changé : la géopolitique, la situation de l’Algérie et celle de la France. Mon beau-père, par exemple, a vécu au Vietnam, en Indochine. Là aussi, la France avait des liens particuliers avec ce pays, et il ne s’agissait pas uniquement de guerre. Il y avait aussi une histoire d’amour entre la France et le Vietnam, un lien extraordinaire. Certes, il y a eu des guerres, mais il y avait également une connexion profonde, et cette Histoire est plus complexe qu’on ne le pense. Pour les jeunes d’aujourd'hui, avec l’actualité et tout ce qui en découle, cela peut sembler bien lointain. Quand on leur parle de l’Indochine, ils pensent souvent au colonialisme, mais c’était bien plus que cela. L’Histoire, c'est aussi s’intéresser à la vie de nos grands-parents, à une époque où il n’y avait ni téléphone portable, ni ordinateur, et où acheter une voiture était un événement majeur. Tout cela, c’est de l’Histoire, celle de nos proches.

Le Salon Histoire de lire de Versailles est un événement auquel je suis très attaché, et qui est en quelque sorte un prolongement éditorial de mon intérêt pour l’Histoire. Je ne me prétends pas historien, je n’ai pas de diplôme particulier en la matière, mais il est vrai que l’Histoire est un domaine qui m’a énormément enrichi.

Le Contemporain - Pour terminer notre entretien, Étienne de Montety, nous souhaiterions évoquer votre passion pour notre langue française et ses mots. Chaque jour, vous brossez aux lecteurs du Figaro le portrait de l’un d’entre eux qui se démarque dans l’actualité. Si vous deviez n’en choisir qu’un, quel est le mot de la langue française que vous choisiriez ?

Sans doute le mot « Homme », au sens d’humanité, et tous les mots qui soit en découlent, soit en sont cousins (« humilité », « humus »…) ; ils sont au centre de très belles et nombreuses réflexions.

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