DLM - Quel futur pour l’Iran après son scrution législatif ?

L’ayatollah Ali Khamenei vote lors des élections parlementaires et de l’Assemblée des experts à Téhéran, en Iran, le vendredi 1er mars 2024. ( @Bureau du guide suprême iranien via AP.)

Par Gérard Vespierre - Analyste géopolitique, chroniqueur IDFM 98.0, fondateur du Média web Le Monde Décrypté (cliquer sur le lien).


Nous connaissons l’activisme de l’Iran en dehors de ses frontières. Aujourd’hui il est intéressant de regarder sa situation intérieure, car il vient de s’y dérouler une opération électorale.

Il s’y est même déroulé deux votes différents, l’un pour le renouvellement du parlement, le Majlis, l’autre concernant l’Assemblée des Experts.

I. L’Assemblée des Experts

Cet organe spécifique a pour mission essentielle de désigner, le nouveau Guide Suprême en cas de succession. Les 88 RELIGIEUX de cette assemblée sont élus au suffrage universel. Les candidatures sont validées par le Guide Suprême qui pilote ainsi la pré-sélection de son successeur. A titre d’exemple, l’ancien président de la République, Hassan Rohani, s’est vu refuser la possibilité de s’y présenter. Cette Assemblée est donc structurellement dévouée au Guide Suprême.

II. L’élection du Parlement

Seuls les candidats de la tendance la plus conservatrice du régime, et très souvent d’anciens membres des Gardiens de la Révolution, voient leur candidature validée. Il n’y a donc nul résultat à attendre, les ultra-conservateurs obtiendront une confortable majorité.

La principale interrogation résidait donc dans le taux de participation. Les agences gouvernementales annoncent 41%, mais en réalité, la participation est très inférieure. Selon un élu du camp conservateur, la participation à Téhéran serait seulement de 11%. Le principal mouvement d’opposition l’OMPI a organisé la surveillance de 1941 bureaux de votre dans 243 villes réparties dans les 31 Provinces. Cet échantillonnage a permis de calculer une projection de participation autour de 10% .... Nous sommes donc très loin des 40% officiels... Le peuple s’est très majoritairement abstenu.

III. Les raisons d’une désaffection

Deux raisons motivent cette désaffection l’une politique, l’autre économique.

Le peuple iranien est progressivement rentré dans l’opposition au régime religieux, depuis les grandes manifestations de 2017, et 2019 contre la vie chère et le chômage. Comme le résume une iranienne : « Le système n’a rien fait pour améliorer nos vies ».

Cette contestation a ensuite gagné le terrain sociétal avec la mort, en octobre 2022, de la jeune Mahsa Amini, à cause d’un mauvais port de voile....

Les parents sont descendus dans la rue pour des raisons économiques, les enfants ont suivi par aspiration à la liberté. Le peuple et le régime se font face.

IV. A quoi s’attendre ?

A long terme, ce régime répressif religieux, au pouvoir depuis 45 ans, dirigé par un homme de 84 ans, présent dans ce poste depuis 35 ans, est politiquement condamné. A court terme, nous verrons des actions menées contre le régime, à travers des actes de révolte, depuis la destruction d’affichage jusqu’au lancement de cocktails molotov.

De tels actes sont apparus le jour du scrutin, avec des urnes saisies dans les bureaux de vote et jetées dans la rue. Des membres des forces de sécurité ont été attaqués à l’arme blanche, à 30km de Téhéran....

Le Pouvoir religieux se prépare depuis de longues années à cet affrontement. Le pouvoir politique s’entoure donc de ses partisans les plus radicaux, facteur supplémentaire d’affrontement.

Les démocraties, doivent absolument apporter au peuple iranien toute l’aide dont il a besoin pour qu’il retrouve sa liberté.

Il est possible d’entreprendre le classement des Gardiens de la Révolution comme mouvement terroriste, et de diriger vers la justice internationale l’actuel président, Raïssi, membre du tribunal de la mort à Téhéran en 1988.

La France n’a jamais eu vocation à rester les bras croisés quand un peuple lutte pour sa liberté.

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