France : Faire avec ce qu’on est.

 France : Faire avec ce qu’on est. Ici en mars 2022.

Par François Petitjean - Consultant et analyste de la communication politique, auteur de Adworld sur la publicité, Toxic sur les médias et Sine capita sur le numérique et l’IA aux éditions du Panthéon.

Les commémorations du 11 novembre, les manifestations contre l’antisémitisme ce dimanche, le triste anniversaire du 13 novembre 2015 et les événements internationaux en cours devraient appeler à la modestie plus qu’aux leçons de morale dans la parole publique. La France a des rôles à jouer, mais les temps ont changé. Ce n’est ni bien ni mal, c’est l’évolution du monde, et certaines vagues ne peuvent pas être surfées. Il faut l’accepter et se redéployer avec de nouveaux enjeux, à notre portée, laissant ainsi place à une ambition saine plus qu’à des discours ou des mots.

La proposition de la France, par E. Macron, d’organiser une force internationale anti-terroriste au lendemain des événements du 7 octobre dernier a été reçue comme une incongruité par les nations alliées, et la demande de cessez-le-feu récente comme une ingérence verbale retoquée par Israël. Peu importe la bonne foi, où la bonne raison ; la parole française doit être dite sans se contredire au gré des vents, qu’ils soient bons ou mauvais. Le Maroc nous a également snobé lors des propositions d’aide à la suite des tremblements de terre récents . Il y a des raisons à tout cela. Nous ne sommes plus une puissance décisive, mais une puissance alliée au 9e rang des forces militaires juste devant l’Italie. L’arme nucléaire, par ailleurs, ne nous donne pas une parole supérieure, dans un concert de nations en conflits traditionnels. Trop de mots : bien au-delà de nos pouvoirs réels et aux effets contre-productifs sur la crédibilité du pays.

En 2023, la France est la 7e puissance économique mondiale selon le Fonds Monétaire International et la 3e puissance économique en Europe derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni. Le FMI classe toutefois la France au 25e rang des PIB par habitant. Les pays autrefois sous-développés, puis émergeants, gagnent petit à petit un poids stratégique, l’Inde en étant le plus spectaculaire, aujourd’hui dans les rangs des géants décisifs du monde.


La question n’est pas de voir cette forme de dégradation du « rang » comme un échec mais de réellement s’appuyer sur nos forces dans un monde qui a développé de nouvelles hiérarchies. L’économie et la capacité de défense peuvent être un moyen de se situer mais l’influence diplomatique, qui ne se quantifie pas, reste un point fort de notre pays. Par le biais de nos représentants dans les pays, le travail s’est fait, dans une tradition autrefois coloniale, puis francophone et aujourd’hui sur un terrain purement international. C’est un échiquier plus rude, avec moins de pouvoir direct, mais une parole qui, elle, peut être décisive, localement. Au fond, cela rejoint les règles des entreprises multinationales, qui passent du purement anglo-saxon à un régime mêlant puissamment l’axe panasiatique. Même les États-Unis doivent baisser un peu le nez aujourd’hui.

Personne ne sait exactement ce qu’il adviendra de l’échange du 15 novembre 2023 entre Xi Jinping et Joe Biden mais cela marquera sans doute le pas sur les tensions diverses du monde. Ces deux-là ont entre les mains une partie des manettes russo-ukrainiennes et israélo-palestiniennes, autant que l’avenir des marchés, dont celui de l’Europe. Dans ce continuum, on ne parle pas de racisme, d’exclusion ou de populisme mais d’éviter la fin du monde et si possible de l’améliorer. La France est un élément important en Europe, mais infime dans les sujets de ce méga-rendez vous prochain. Il faudra en espérer une forme de lumière sur les sujets du moment, qu’ils ne se séparent pas fâchés, et participer à notre niveau à ce qui pourrait suivre.

En attendant, soutenons nos humanitaires en Palestine autant que nos alliés en Israël.

Mais parlons moins, ça énerve tout le monde.

Note de l’auteur

Cet article ne représente pas une critique sur le fond des personnes publiques, mais une analyse des choses perçues, des risques liés aux communications du monde politique et des enjeux de celles-ci. Les noms cités ne le sont que pour comprendre leur impact au travers de décisions, de déclarations ou de comportements médiatisés.

1 Commentaires

  1. Merci pour cette vision qui prend du recul et invite chacun à prendre ses responsabilités, en parlant moins...

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