Le conflit israélien, un révélateur des fractures de nos sociétés occidentales

 Rassemblement de solidarité avec Israël, sur la Pariser Platz à Berlin, le 10 octobre 2023, trois après le début des ignobles attaques terroristes du Hamas. (Wikimedia)

Par Maître Jean-Philippe Carpentier - Avocat au barreau de Paris et consul honoraire du Luxembourg avec juridiction sur la Normandie.

Il y a peu de temps, la guerre en Ukraine monopolisait les médias et la guerre qui s’y déroule encore se déroulait sous nos yeux nourris des commentaires des chroniqueurs des chaines d’information en continu.

Les attaques terroristes du Hamas en Israël nous ont tous plongé dans l’horreur et l’instantanéité des informations et images véhiculées par les réseaux sociaux ont accentué le caractère immédiat de la sidération.

Sans ambiguïté, je condamne ces attaques terroristes et exprime ma solidarité avec les populations victimes de ces actes inhumains.

Cette réaction est naturelle et de bon sens.

De la même manière, il est naturel qu’une réponse très ferme ait lieu et les terroristes doivent payer les exactions commises.

Aujourd’hui, ces attaques terroristes et la riposte qui s’ensuit mobilisent les médias.

Cependant, la guerre en Ukraine ne s’est pas arrêtée, des lois sont votées tous les jours, l’actualité défile. Il est, bien évidemment, naturel de se focaliser sur l’information centrale, essentielle, la lutte contre le terrorisme, mais il faudrait aussi offrir la perspective des implications de ce conflit devenu mondial et de ses interactions avec les autres informations.

Curieusement, la situation mérite un parallèle avec un événement historique qui se déroulait le 11 novembre 1630, la journée des dupes.

De grandes manœuvres politiques étaient un cours, le gagnant, le cardinal de Richelieu se croyait défait et s’est vu, à la fin renforcé et confirmé dans ses fonctions.

Le parti de Marie de Médicis est passé par tous les états, pour finalement se trouver écarté, le tout sur fond de crise politique et religieuse.

Une forme de tolérance religieuse a finalement triomphé et la bourgeoisie émergente a vu son rôle se renforcer.

La situation actuelle partage avec la journée des dupes l’existence de grandes manœuvres politiques mondiales sur fond de crise terroriste et de conflits religieux.

Son traitement médiatique en dit déjà très long sur notre société.

Il révèle tout d’abord l’importance des réseaux sociaux et de cette information spontanée, incontrôlée, voire incontrôlable, mais qui conduit à une connaissance instantanée de chaque événement et impose, ainsi aux médias un traitement, également, quasi instantané de l’information.

Toutefois, ce traitement médiatique, nouveau, impose aussi une prise de distance au regard de la qualité et de la véracité de l’information.

Mais surtout il en dit beaucoup sur les différences entre les communications dans les médias grand-public et les perceptions des événements par agrégation des faits, opinions et autres, placés par des individus sur les réseaux sociaux, dont on voit tout à la fois l’importance et la limite au regard de la nature des messages qui y sont véhiculés.

Ce conflit israélien est devenu, par la rapidité de la circulation des informations, un conflit planétaire et les terroristes l’ont compris en l’instrumentalisant et en lançant des appels à la terreur pour le vendredi 13 octobre 2023.

Ces appels ont été, pour partie entendus, et l’échec des gouvernements est patent en matière sécuritaire car le monde a changé et l’interdiction, çà et là, de manifestations n’a plus l’effet qu’il avait lorsque la diffusion des informations était contrôlée par les gouvernements. Mais n’est-ce pas cela la démocratie, la pluralité d’opinions, confrontée à l’état de droit ?

Ce que cette situation révèle surtout c’est la fracture des sociétés européennes.

L’unanimité de la condamnation des actes terroristes est intervenue et tous les gouvernements de l’Union Européenne se sont clairement exprimés, tout comme les États-Unis, mais les peuples ont manifesté et une minorité existe qui soutient, voire justifie, les atrocités.

Cette fracture pose la question du devenir de nos sociétés occidentales, dans lesquelles certains veulent importer le conflit, de la place que doit y occuper la démocratie et des limites que certains souhaiteraient à la liberté d’expression des opinions.

En substance, le pluralisme trouve sa limite et dans le même temps le wokisme est battu en brèche du fait même des contradictions insurmontables auxquelles conduit l’intersectionnalité.

Alors à long terme, la question est celle de l’union de ceux qui aujourd’hui se désignent comme ennemis et ont été éduqués pour se considérer comme tels.

Contre le terrorisme, une réponse ferme s’impose toujours. Au-delà, reconstruire notre société fracturée nécessitera de retrouver un socle commun. Nous le pourrons par la formation et l’éducation centrée sur notre histoire et nos valeurs fondamentales.

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