Le numérique, entre libre arbitre, trahison et confiance, il nous appartient d’assumer la responsabilité de notre propre existence.

 Maître Jean-Philippe Carpentier.

Par Maître Jean-Philippe Carpentier - Avocat au barreau de Paris et consul honoraire du Luxembourg avec juridiction sur la Normandie.

La fin de l’année approche et l’heure du bilan de 2023 également.

L’opportunité m’a été donnée de m’exprimer sur divers sujets de société ou géopolitiques en centrant systématiquement l’attention sur la nécessité de rétablir du lien entre nous et de nous centrer vers le bien commun.

J’ai privilégié le patrimoine, l’histoire, bref tout ce qui nous unit dans ce seul but.

La revue américaine Nature me donne finalement l’occasion de clôturer l’année sur une thématique qui nous touche tous directement, dans notre société digitalisée, où la vie privée de certains, exposée en permanence sur les réseaux sociaux, se réduit parfois, volontairement ou involontairement, à la portion congrue.

Comme tout le monde, mon réflexe pour vérifier la vérité d’une information ou approfondir un sujet est de me retourner spontanément vers la recherche internet.

Cette recherche nous trahit parfois et peut-être plus souvent que nous le croyons.

A cet égard, un article du 20 décembre 2023, dans cette revue américaine, mérite une attention particulière. Cet article s’intitule « Les résultats des recherches en ligne peuvent renforcer la croyance en la désinformation ».

En substance, il nous rappelle, ce que nous oublions souvent, qu’internet n’est pas nécessairement fiable et que s’y fier peut, parfois, être contreproductif.

L’article précise ainsi que, pour lutter contre la désinformation, on conseille souvent aux gens de vérifier la véracité des affirmations en effectuant des recherches en ligne et que ce réflexe intuitif n’est pas toujours pertinent

Cet article relate 5 expériences qui montrent que cette démarche peut, en fait, renforcer la croyance en des articles faux ou trompeurs et considérés par le plus grand nombre comme vrais.

Les auteurs de l’article exposent que ces croyances fausses seraient induites par des résultats de recherche de faible qualité.

Ceci nous ramène à trois concepts sur lesquels je vous propose de terminer l’année, l’exercice du libre arbitre, la trahison numérique et la confiance en l’avenir.

Le premier sujet découle directement de cette étude sur la vérité des informations sur internet.

Ce principe est, dans notre monde actuel, profondément ancré et la recherche internet, rendue simple par des outils informatiques utilisables par tous, nous empêche parfois de prendre la distance nécessaire face à la multiplicité de ces résultats et favorise ainsi la manipulation, y compris la manipulation de masse.

C’est là qu’intervient notre libre arbitre et notre capacité à accéder à d’autres sources d’informations et à prendre de la hauteur.

C’est peut-être là un des bilans de 2023, la nécessité de prendre de la hauteur et de vérifier les sources de nos connaissances, tout en sachant les remettre en cause dès que c’est nécessaire.

Le second sujet est le sentiment de trahison numérique.

A cet égard, notre confiance dans notre univers numérique est souvent aveugle et pourtant, par bien des aspects le numérique nous trahit.

La relativité, l’inexactitude et la fausseté des informations sur internet sont souvent une première trahison, simple et tangible. La distance permet de la pallier.

La trahison en lien avec le piratage informatique de toute sorte est plus complexe et parfois difficile à détecter, sauf lorsque le pirate est lui-même trahi par celui qu’il croyait son ami. C’est la nature humaine, tout comme l’est l’usage du libre arbitre.

Le dernier sujet pour 2024 est celui de la confiance.

Le vrai problème posé par les deux sujets précédents est celui de la confiance et de savoir s’il faut, ou non choisir la confiance.

Il s’agit là d’un sujet de fond autour duquel se joue une grande partie de nos enjeux contemporains, personnels mais aussi géopolitiques, puisque ce choix est le seul qui peut, in fine, réconcilier et faire vivre en paix demain les ennemis d’aujourd’hui.

Sur un plan personnel, la question est plus complexe.

Elle me conduit ainsi à terminer 2023 sur une note positive et une maxime que je ferai mienne en 2024, je dois assumer la responsabilité de ma propre existence.

Je vous souhaite à tous une excellente année 2024.

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