■ Michel Barnier, Premier Ministre.
Par François Petitjean - Consultant et analyste de la communication politique, auteur de Adworld sur la publicité, Toxic sur les médias et Sine capita sur le numérique et l’IA aux éditions du Panthéon.
Une bonne définition n’a jamais tué personne, sauf que celle-ci nous renvoie à une description pathologique des événements politiques que les français traversent depuis quelques semaines. La polarisation de l’Assemblée Nationale a créé les fameux « blocs », tous minoritaires. Ils ne s’affrontent pas à la régulière mais au gré des craintes de contagion d’un groupe sur un autre. La nomination de Michel Barnier, chevalier des droites historiques républicaines, a un instant fait rêver au retour « Droite-Gauche » dont l’Assemblée Nationale a tiré ses heures de gloire passées. Mais non, les temps sont aux chocs, aux craintes et aux alliés dont on ne veut pas.
Chaque groupe veut tirer profit de la construction d’un nouveau gouvernement, par la participation ou le rejet stratégique en vue de 2027. Michel Barnier rame pour attirer des personnalités de Gauche, et se voit flanqué d’un Rassemblement National jouant l’arbitre des recrutements et amabilités, sans se mouiller directement. La crainte d’un programme proche de celui du RN fait fuir les Carole Delga et les Raphaël Glucksmann, pourtant aux statures de femme et homme d’Etat, preuves électorales à l’appui. Par le jeu de l’hypocondrie générale, c’est donc le plus petit dénominateur commun qui se retrouve en haut de l’affiche, et en dix fois plus gros que n’importe qui leur nom s’étale : « La Droite Républicaine », ex LR. (Vous apprécierez la référence artistique d’un bi-national). Cette aubaine qui leur ouvre la gouvernance est accueillie à bras ouverts par Laurent Wauquiez et son équipe, en toute logique.
La Gauche traditionnelle paye le prix fort son alliance avec LFI, par un chantage électoral approuvé en silence par O. Faure. A voir le plus petit groupe de Droite se retrouver en position de pouvoir, certains chapeaux doivent être dévorés à Gauche, pour n’avoir imaginé dans l’idée d’un pouvoir partagé avec l’une ou l’autre Droite modérée qu’une maladie. Le rejet de Bernard Cazeneuve comme candidat, par le NFP, leur a définitivement fermé la porte à toute participation. Quant à la mise en orbite de Lucie Castet, dont l’absence d’historique et de marque politique a suffi pour que les Gauches se mettent d’accord sur son nom : cela reste là aussi un symptôme d’hypocondrie. Ni socialiste, ni LFI, ou un peu des deux, et sans notoriété, aucune volonté de pouvoir de sa part sur les partis ne pourra se faire jour. J.L. Mélenchon peut continuer ses discours avec sa veste en cuir noir, pas de danger du côté L. Castet. Quant à O. Faure, au second rôle éternel, il ne restait qu’à adouber cette trouvaille sans risque.
E. Macron n’est pas en reste dans cet été de craintes. Jouer les prévisionnistes marketing en imaginant, même à juste titre, les différentes possibilités de motions de censure n’est qu’une réaction hypocondriaque face à la peur de perte de pouvoir. Dans un déni que les français jugent sévèrement,(18% d’opinions favorables) le Président vient même d’expliquer dans une interview au Huffington Post « qu’il faut toujours prendre en compte le vote des français ». Quelles que soient nos opinions respectives et respectables, cette phrase est à placer dans les statistiques des Alzheimer précoces, sans aucun doute. Une fois encore, trop de paroles déconnectées.
Mais les vrais responsables sont les députés et les chefs de partis. On voit simplement que l’Assemblée Nationale n’a pas conquis le pouvoir qui lui revient en toute légalité. Les parlementaires avaient le choix, cet été, de ne pas laisser un pouvoir central tricoter un gouvernement sans lien avec les votes des français. Les partis républicains, de la Droite Républicaine aux sociaux-démocrates en passant par les partis du Centre incluant l’ex majorité présidentielle ne se sont pas parlé. L’absence de simples réunions d’échanges pour proposer des solutions de programme et de personnes est le reflet criant de l’immaturité de cette Assemblée. Le poids des extrêmes par le silence ou le bruit a réduit à néant les chances de coalitions de programmes, à l’inverse de nos voisins européens qui le pratiquent depuis longtemps déjà.
Ils ont moins peur des maladies que nous.
Et les gouvernements tiennent bon.
Note de l’auteur
Cet article ne représente pas une critique sur le fond des personnes publiques, mais une analyse des choses perçues, des risques liés aux communications du monde politique et des enjeux de celles-ci. Les noms cités ne le sont que pour comprendre leur impact au travers de décisions, de déclarations ou de comportements médiatisés.
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