Poésie - Sylvia de Bologne

 Ponte della via Cavaliera, 1852, Anonyme bolonais.

Par Antoine Bourdon

Dans la marche intérieure la cité
Découvre ses degrés de rouges :
De l’orange au carmin se fondant
Dans le rose, du blanc même transparaît.

La main de l’homme s’y est accordée
La tempérance de l’ombre.
Au long des voies passe hors des rais du jour
Le front de ceux qui traversant
Les arches et les ogives continuent.

Y a-t-il une Sylvia qui passa
À ces voies, menant les pas qui se firent
Et qui d’une silhouette disparue,
Comme une âme qui demeure,
Remplit Bologne d’un sang passé
Dans le repli des cœurs passant?

Tout revient dans ces artères de même
Que des veines à l’horloge en place;
Et de la cité le Temps, là, qui des chemins
Est au cœur, retourne sa mesure dans le rythme
Mystérieux des aiguilles.

Y a-t-il une Sylvia qui voyait
En son antique passion,
Ces nuances du jour venir en ses yeux
Et guider bergère d’âmes dans la Cité
Les vies à ce Temps,
Qui se lit en la place élevée?
De cette machine qui va de tours
Et par tous ces cœurs qui s’en induisent,
J’aimerais dire le rythme même selon leur pouls.

Quand la nuit paraît l’ombre, la terre
Du ciel laisse à la lune parfois
La couleur de Bologne, son orange
Cette fois des mêmes clartés
Que le soleil disparaissant d’ailleurs.
Et du jour retiré s’élève alors dans le ciel
Son disque vers la blancheur,
Et les paupières des hommes tombent
Dans la Cité sombre.

Chère Sylvia, que n’existiez-vous
Qu’en la part de l’us
D’un désir mille fois trop inconsidéré?
Vous, laissant sur le bois de croix,
Aux multiples couleurs filtrées
D’art des églises,
Comme un spectre complet des rayons visibles,
Le blanc secret qui tombe infiniment;
Vous, suspendant dans l’ombre d’un même visage
Les traits ensanglantés qui coulent dans leurs éclats,
Comme autant de sang qui remonte au front de sommeil,
Régénérant la chair pour qu’en l’aurore
Aux traits frais de roses, l’Homme,
Leste en son pouls, s’apprête à partager
Une musique en silence à son pas,-
La délestant partout de la rendre aux visions
Voyant dans le soleil qui revenu luit!

Sylvia, à vous antique je crois de vouloir voir
Vous partager un calice de joie.
Quand l’ivresse du vin, ma foi, monte
Dans mon œil la Bologne en vermeilles teintes,
Quand la lumière suspend enfin son effet suprême,
Il y a le midi très haut.
J’ai soif Seigneur de doucement descendre
Votre Être d’une main inclinant la tige
D’une coupe, comme de cette plume s’en mouvant :
Cette main
D’où d’entendre et voir
J’en écris - ô derrière mes lèvres,
Un silence qui demeure.

La Sylvia qui je la veux belle guida-t-elle
Le sang jusqu’aux bois des planches croisées,
Où mort en l’Idée Vous revivez au fond des pharynx,
- Comme un chant qui charme d’entendre?

Sylvia! je vous veux belle
Comme un chant.
Sylvia, belle comme un chant
Au fond de l’air passant de l’ombre enclose au jour
À tout le ciel triomphant de l’Italie.

Bologne, juillet 2023

Laissez-nous un commentaire

Plus récente Plus ancienne