Influenceurs d’extrême-droite : Le cheval de Troie numérique du groupe Bolloré

 Ugo Gil Jimenez, « Papacito », un youtubeur d’extrême droite. (PAPACITO/YOUTUBE).


Le 30 août dernier, via Instagram, Alice Cordier, présidente du collectif féministe d’extrême droite Némésis, sanglote face caméra. En larmes, la jeune femme, condamnée pour incitation à la haine raciale et mise en danger de la vie d’autrui, regrette de devoir rentrer à Paris, « ville remplie de gauchistes et de clandos (sic) qui harcèlent les femmes ».

Ce qui pourrait ressembler à la propagande isolée d’une extrémiste en quête de reconnaissance digitale ne l’est qu’en apparence. In fine, Alice Cordier - de son vrai nom Alice Kerviel - à l’instar de ses comparses de Némésis, compte parmi les influenceurs de l’agence de communication du groupe Vivendi « Progressif media », dont un des actionnaires n’est autre qu’un certain Vincent Bolloré, milliardaire conservateur déjà détenteur du groupe canal. Ainsi, la promotion de son discours aux obsessions racistes et souverainistes laisse entrevoir un danger d’envergure : l’instrumentalisation des réseaux sociaux afin de banaliser l’extrême droite à travers un bourrage de crâne insidieux. Détournement déjà utilisé au sein du groupe Bolloré via l’émission « Touche pas à mon poste » sur C8 où, sous couvert de divertissement, Cyril Hanouna orientait son contenu sur des problématiques migrationnistes et sécuritaires.

Comme Alice Cordier, Thaïs d’Escufon, l’abbé Matthieu Raffray, Christopher Lannes et même le « gourou du crudivorisme » Thierry Casasnovas, des influenceurs qui défendent les mêmes idéologies identitaires et souverainistes. Si, de prime abord, ceux-ci agissent indépendamment les uns des autres, s’adressant chacun à des audiences spécifiques, tous dépendent de « Progressif Media ». Ainsi peut-on percevoir la stratégie du groupe, un cheval de Troie 2.0 qui viserait à banaliser les idées de l’extrême droite en préparation des présidentielles de 2027.

Sous couvert de conseils en séduction, de spiritualité ou encore d’hygiénisme, le message subliminal est sans appel : il vise à inculquer insidieusement au public cible des préceptes extrémistes. Une méthode qui n’est pas sans rappeler celle de l’affairiste François Coty, qui, durant les années 1920, a racheté différents groupes de presse pour promouvoir l’antisémitisme. Nous connaissons aujourd’hui l’efficacité et les conséquences d’un tel travail de fond.

I – Progressif Média : l’extrême droite a trouvé son community manager

Fondée par Emile Duport (militant anti-avortement), David Bonhomme (militant viriliste) et Thomas Ghys (entrepreneur digital), l’agence de communication « Progressif Media » est devenue, depuis 2022, une possession partielle du groupe Vivendi (10 %). Les autres actionnaires sont le fonds d’investissement chrétien évangélique de Chantal Barry, « ZeWatchers » (30 %) et les fondateurs eux-mêmes (60 %). Les accointances entre Chantal Barry et Vincent Bolloré ne sont un secret pour personne. Et pour cause, c’est grâce au concours du couple Barry que l’affairiste d’extrême droite a fait son entrée dans l’univers médiatique au début des années 2000 par l’acquisition de D8.

À partir de 2016, la holding « ZeWatchers » a déjà pour ambition d’évangéliser la télé-réalité par le biais de programmes tels que « Bienvenue au monastère. » Face à l’échec de son projet, l’entreprise se tourne, dès 2019, vers le nouveau terrain de jeu des 18-34 ans, les réseaux sociaux. La crise sanitaire ne tardera pas à donner raison au tandem, attendu que les Français ont augmenté leur utilisation quotidienne de Facebook et d’Instagram entre 2020 et 2021, y voyant un mirage d’information et d’expression.

Si l’avènement des médias sociaux aurait pu améliorer la communication entre individus et favoriser l’ouverture au monde, il en résulte aujourd’hui la montée du communautarisme, une explosion des dérives sectaires (augmentation de 85 % entre 2015 et 2021 selon le rapport annuel de la Miviludes) ainsi que la propagation massive de fake news. Dans Un homme révolté (1951), Albert Camus alertait déjà sur le danger du remplacement du dialogue, relation entre des personnes, par la propagande ou la polémique qui sont « deux sortes de monologues. » Cet avertissement trouve un retentissement tout particulier face à la poussée d’individualisme et au repli sur soi engendré par la pandémie de covid-19. L’homme a trouvé refuge sur internet pour d’abord tuer l’ennui avant d’en faire un substitut du monde réel. Au regard de la place donnée au virtuel, une brèche s’est alors ouverte sur un endoctrinement basé sur le complotisme d’atmosphère et la défiance des institutions. Mécanisme qui a ainsi profité aux différents mouvements sectaires, à la prolifération des antivax mais aussi à l’ultra droite, qui dans certains cas, ne forment qu’un seul même fléau.

Durant l’année 2021, le site « Égalité et Réconciliation » de l’essayiste d’extrême droite Alain Soral multiplie les titres aussi racoleurs que complotistes. La crise sanitaire se faisant le terreau de théories plus scabreuses les unes que les autres qui ne sont pas sans rappeler les obsessions judéo-soviétiques de François Coty. Une partie des Français, sceptique devant la gestion du confinement et l’élaboration aussi rapide du vaccin contre le covid-19, adhère au discours soralien, évidemment orienté vers l’antisémitisme et la xénophobie. L’essayiste d’extrême droite développe la théorie selon laquelle la pandémie serait un des plans prévus pour l’instauration du Nouvel Ordre mondial ou encore un passage obligé vers le Grand Reset prévu pour 2030. Au sommet de cette sinistre conspiration, des personnalités influentes de confession juive telles que Jacques Attali ou encore l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn.

En parallèle, le site d’Alain Soral continue de faire la promotion de Thierry Casasnovas, un hygiéniste qui invite les personnes atteintes de cancer à troquer la chimiothérapie pour du jus de fruit. Celui que les médias surnomment « le gourou du crudivorisme », proche du média soralien, a déjà reçu la Quenelle d’or de la part de Dieudonné et doit l’essor de son mouvement à l’appui d’Alain Soral. Il faut dire qu’avant de profiter de la visibilité octroyée par ce dernier, Thierry Casasnovas végétait, à l’instar de nombreux petits vidéastes, comme YouTube en compte des dizaines de milliers. Ses discours niant l’existence du VIH tout en prônant le crudivorisme peinaient à trouver un auditoire. D’un soutien à l'autre, porté aux nues par E&R, « le gourou du crudivorisme » intègre « Progressif media ». Ainsi la chaîne YouTube de Thierry Casasnovas et bientôt son association « Régénère » ont connu une croissance exponentielle entre 2015 et 2021, jouant un rôle clé dans le développement des idées antivax.

Grâce à sa visibilité croissante, « le gourou du crudivorisme » a pu établir un business lucratif mêlant vente de centrifugeuses et organisation de stages durant lesquels il promeut un nouvel Évangile, celui des nutriments. En effet, le jus de légumes pourrait éliminer la « pollution » responsable de maladies telles que la sclérose en plaques, le covid ou encore le cancer, celles-ci n’étant que la conséquence de « l’ignorance » des hommes.

Suivi par la Miviludes - Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires - depuis 2012, objet de plus de 250 signalements en 2016, Thierry Casasnovas a été cité dans le rapport annuel 2021 en ces termes :

« L’emprise mentale qu’exercerait cet individu sur des personnes fragiles (...), le discours antisocial et le caractère exorbitant des exigences financières sont de nature à favoriser une dérive sectaire. Il incite les personnes à remettre en cause les pratiques thérapeutiques médicales, expliquant par exemple que la chimiothérapie est toxique et inefficace. Un discours s’inscrivant dans le complotisme, pour s’opposer à la médecine conventionnelle ».

La Miviludes affirme, par ailleurs, qu’il a évoqué « la construction de camps de concentration aux États-Unis pour ceux qui ne se soumettraient pas à la vaccination » contre le covid. Une affirmation qui n’est pas sans rappeler une vidéo tournée par Richard Boutry pour « La minute de Ricardo » où le journaliste prétendait filmer, en juillet 2021, des camps de détention pour mineurs non vaccinés dans un lieu tenu secret en France.

Parmi ses diverses activités « très lucratives », selon la Mission, Thierry Casasnovas propose plusieurs formations – seulement en ligne – intitulées « Cure de jouvence », « Iridologie », « Amour des enfants » ou « Permaculture » qui coûtent entre 200 et 500 euros.

En juillet 2020, une enquête est ouverte par le Parquet de Paris contre « le gourou du crudivorisme » pour mise en danger de la vie d’autrui, exercice illégal de la médecine, abus de faiblesse et pratique commerciale trompeuse. Placé en examen le 10 mars 2023, son avocat n’est autre que l’avocat complotiste Fabrice Di Vizio, chroniqueur sur TPMP en 2024, désormais créateur de contenu pour la chaîne YouTube « Droit de parole » auprès de l’abbé Raffray, autre influenceur promu par « Progressif media ». Dans ce format podcast qui propose de donner un regard chrétien à l’actualité, on retrouve également des saillies antigouvernementales ainsi qu’une propagande active de l’extrême droite. Nous y reviendrons.

Fort de ses précieux soutiens, l’ex-comparse d’Irène Grosjean garde la tête haute. Qu’importent la gravité des accusations qu’on porte à son encontre ou le nombre de morts parmi ses adeptes, le « gourou du crudivorisme » ne cache plus une ambition ubuesque : sa candidature aux présidentielles de 2027. Grâce au soutien de « Progressif média », la chaîne évite la censure pour mieux continuer à mettre en danger les plus fragiles.

Thierry Casasnovas, poulain à la fois d’Alain Soral et du groupe Vivendi, incarne la jonction entre la droite radicale d'E&R et cette extrême droite faussement lavée de son passé antisémite promue par les médias détenus par Vincent Bolloré.

II – La messe est dite ( en réels ) : la droite dure passe au numérique

Agence matrimoniale, psychanalyse, trottoir, support informatif, panneau publicitaire ; Instagram et consorts se substituent à tout, plongeant les plus désœuvrés dans un néant cauchemardesque où, comme dirait Shakespeare, « rien n’est vrai que ce qui n’est pas » (Macbeth). Une dystopie où la surcommunication (sic) brise plus que jamais les échanges profonds et où l'immédiateté met à mal la construction de relations pérennes. Les réseaux sociaux deviennent alors un substitut aux différents manques des utilisateurs, lesquels se coupent progressivement de la réalité.

Dans un tel contexte, l’introduction d’influenceurs d’extrême droite permet au groupe Vivendi d’étendre son idéologie. Protégée de l’Arcom qui a déjà mis à terre C8, la sphère digitale offre un champ plus vaste, à l’abri de la censure et des sanctions pécuniaires. Aussi, un discours haineux à la fois raciste et xénophobe tel que celui tenu par Alice Cordier ne pourrait être diffusé à l’antenne sans devenir l’objet d’un signalement. Une faille que « Progressif Media » s’est chargée d’exploiter. Outre des personnalités controversées comme « le gourou du crudivorisme », nous retrouvons également des figures qui semblent d’autorité. L’abbé Matthieu Raffray, à la fois prêtre catholique, docteur en philosophie et enseignant à Rome, possède titre et gage de respectabilité. Vêtu de sa soutane, l’homme d’Église aborde des problématiques contemporaines telles que la GPA, l’avortement ou encore les médecines alternatives, le tout en s’appuyant librement sur l’Évangile. Ce qui pourrait être un moyen de vulgariser l’enseignement religieux se révèle cependant bien plus délétère qu’il n’y paraît. En effet, l’abbé Raffray promeut le virilisme, le trumpisme tout en refusant jetant l’opprobre sur le pape François qu’il compare à « un père de famille alcoolique ». Un positionnement qu’il place sous l’égide de sa foi alors qu’il se nourrit en réalité des préceptes inhérents à l’extrême droite. Le discours du prêtre possède d’importantes similitudes avec celui du chantre de l’intégrisme catholique, Saint-Nicolas-du-Chardonnay ( notamment avec les homélies antirépublicaines de l’abbé Girard ) ou encore avec le groupuscule Civitas démantelé en 2023. Il paraît évident que le versant traditionaliste qu’il vante n’est qu’un moyen déguisé de faire la promotion du conservatisme de la droite radicale. En témoigne les accointances du prêtre avec différentes personnalités d’extrême droite comme Jordan Florentin, Julien Rochedy ou encore Jean Messiha. Pourtant, en dépit de ses positions discutables et de l’intransigeance de son propos, l’abbé Raffray commente régulièrement l’actualité religieuse sur Cnews, devenant un visage familier de la chaine ainsi qu’un représentant de la foi catholique française. S’il sait donner le change lors de ses interventions télévisées, le prêtre a pu donner libre cours à sa pensée sur la chaîne YouTube « Droit de parole » attribuée à l’avocat complotiste Fabrice Di Vizio puis dans sa propre émission digitale « Pour une foi. » Si, dans la première, les saillies islamophobes et pro-Trump se sont avérées courantes, la seconde se veut plus insidieuse en misant sur l’interview d’employés du groupe Bolloré. Nous pouvons y voir une forme de « réglage » d’un format qui a connu trop de dérapages répréhensibles à la fois par Pharos ou par l’Arcom. Entre propos blasphématoires à l’égard du pape François, glorification de la politique de Donald Trump, comparaison hérétique entre Jean-Marie Le Pen et Jésus-Christ, « Droit de parole » aura dépassé les limites de la morale, s’enfonçant, d’émissions en émissions, dans le sacrilège le plus mortifère qui soit.

Preuve que la stratégie du groupe Bolloré est plurielle, elle ne se contente pas de prêcher la bonne parole en matière de religion mais s’engage également dans les voies sinueuses des rapports hommes/femmes. Nous sommes en août 2024 lorsque l’émission de Cyril Hanouna, On marche sur la tête, accueille une nouvelle recrue. À l’antenne d’Europe 1, Thaïs d’Escufon, porte-parole du groupuscule Génération Identitaire et condamnée pour incitation à la haine raciale est présentée comme nouvelle chroniqueuse. Pétard mouillé. La jeune femme est débarquée quelques jours plus tard à cause de la polémique suscitée par sa prise de poste. Qu’importe, le mal est fait. À nouveau, une figure incontournable de l’extrême droite en ligne s’est vue intronisée par le groupe Bolloré. En guise de lot de consolation, Thaïs ne quittera pas la tour Lagardère. Représentée par « Progressif Média » dont les studios siègent dans les locaux de Vivendi, la jeune femme a trouvé sa terre d’asile. Désormais, elle pourra être un héraut digital officiel, une promotion quand on songe à sa condamnation pour violences contre SOS Méditerranée et les multiples censures de sa chaine youtube. À son micro, la jeune femme promulgue des conseils de séduction à son audience. Si nous ne lui connaissons pas d’époux, elle n’hésite pas à tenir des propos misogynes proches de ceux prodigués par Alain Soral en guise de conseils matrimoniaux. Date de péremption féminine, hypergamie forcée, propos anti-IVG, Thaïs se fait le pendant féminin de l’abbé Raffray, l’instruction et l’éloquence en moins.

Ce discours aux contours conservateurs gangrené par une incitation à la haine vis-à-vis des femmes prend un écho particulier quand on songe à l’appartenance de la jeune femme au groupuscule Génération Identitaire. Sous couvert de coaching, Thaïs d’Escufon immisce une vision des rapports hommes/femmes basée sur la domination et le rejet de l’autre. Elle promeut également une misogynie décomplexée comme on en rencontre dans les groupuscules d’extrême droite où la femme se réduit à un rôle soit reproducteur soit d’objet sexuel.

La stratégie du groupe Bolloré, en promouvant des influenceurs dont le discours comporte un message extrémiste, s’appuie sur la même stratégie que celle utilisée pour C8. Un bourrage de crâne insidieux. La promotion de ces influenceurs dépourvus de légitimité au rang de chroniqueurs sur Cnews pose question quant au respect des règles édictées par l’Arcom. Connaître l’opinion d’une Alice Cordier au casier judiciaire plus que discutable en matière de problématiques sécuritaires, relève du théâtre de l’absurde. Donner une visibilité importante à une extrémiste s’inscrit dans une dynamique de normalisation de la radicalisation de ses propos. En érigeant une personne dont la respectabilité est autant entachée au rang de maître à penser, on avalise la haine de l’autre tout en la banalisant. Pire encore, on prouve aux jeunes que la surenchère de violence et la commercialisation du racisme débouche sur un passage télévisé.

Après la cheffe de file, est venue l’intronisation des petites mains de Némésis au sein des plateaux de Cnews. N'oublions pas que le leitmotiv du groupe Bolloré est la constante valse de ses employés d’un média à un autre. Si voir Gauthier Le Bret se rendre sur le plateau de TPMP pour appuyer des propos déjà relayés par Cnews a longtemps été monnaie courante, écouter « Mathilda Némésis » propagander à heure de grande écoute laisse dubitatif. Hormis danser en discothèque auprès de Thaïs d’Escufon et diffuser des réels analogues à ceux de la fondatrice de son mouvement, quelles sont les qualités intellectuelles de la jeune femme pour débattre de sujets politiques ? À l’exception de ses idées racistes et de son appartenance au groupe via « Progressif Média », qu’est-ce qui donne de la légitimité à « Mathilda Némésis », pour devenir chroniqueuse sur une chaîne d’information ? À prendre ouvertement le téléspectateur pour ce qu’il est, ne prend t-on pas le risque qu’il prenne - tôt ou tard - conscience de la supercherie ?

Peut-être qu’après cinq années, le cheval de Troie prend ses aises, s’imaginant se fondre éternellement dans le paysage numérique français. Peut-être qu’à force de propager impunément la haine, les hérauts de l’extrême droite se grisent, ne cachant plus leurs affinités et leurs intentions mortifères. Peut-être que bientôt lumière sera faite sur cette grossière prise d’otage digitale et audiovisuelle. Peut-être qu’un jour Thierry Casasnovas, Alice Cordier et émules ne trouveront plus d’oreilles crédules pour boire leurs paroles vénéneuses et que celles-ci s’en iront se noyer dans les affres du néant digital.

Peut-être qu’un jour le peuple se rappellera son passé et refusera de le rejouer. Peut-être que, comme disait Camus, « la peste peut venir et repartir. » Peut-être qu’en 2027 le Mal ne gagnera pas. Peut-être, qu’à la fin de tout, quand tous les maux de l’humanité auront quitté la boîte de Pandore, l’espoir nous reviendra et nous serons enfin prêts à le recevoir…

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