« Il avait tous les talents, excepté celui d’en faire bon usage »

 Bercy, siège du Ministère de l'Économie et des Finances (©Olivier Prt).
 

L’histoire de la dette publique française, véritable fil conducteur des finances nationales, illustre une trajectoire d’endettement ininterrompu depuis le XIXe siècle.

Sous la Restauration, Charles X se singularisa par une volonté inédite de maîtriser les finances publiques, héritées des tumultes napoléoniens.

Par une politique d’austérité et de consolidation des emprunts, il s’efforça de juguler une dette menaçante, dans une démarche d’une rigueur alors sans équivalent.

Il mit surtout en place un contrôle de l’efficacité des dépenses publiques.

Cet effort, toutefois, fut éphémère.

Dès 1830, l’avènement de Louis-Philippe marqua un tournant décisif ; la Monarchie de Juillet, portée par les aspirations bourgeoises, privilégia l’essor économique et industriel, financé par un recours accru à l’emprunt.

Cette rupture inaugura une ère de laxisme budgétaire, jamais véritablement remise en cause, où les déficits devinrent la norme, alimentés par les guerres, les crises économiques et l’édification de l’État-providence.

Au fil des décennies, la dette publique s’est amplifiée.

En 2017, la dette publique s’élevait à environ 2 231 milliards d’euros, soit 98,4 % du PIB, selon l’Insee.

À la fin du troisième trimestre 2024, elle atteignait 3 303 milliards d’euros, soit 113,7 % du PIB, et au premier trimestre 2025, elle culminait à 3 346 milliards d’euros, atteignant aujourd’hui un seuil critique.

Pourtant, les dirigeants contemporains, confrontés à cette charge écrasante, peinent à proposer des réponses à la hauteur de l’enjeu.

Les tentatives de réforme, souvent limitées à des ajustements cosmétiques ou à des plans d’économies impopulaires, se heurtent à un Parlement fracturé et à une société rétive à l’austérité.

Cette mollesse des réponses actuelles s’apparente à une incapacité chronique à tirer parti des outils et des savoirs disponibles pour affronter la crise.

Expertise économique et connaissance historique des erreurs passées ne suffisent plus.

Le fardeau titanesque de la dette croît avec une constance que n’aurait pas reniée Sisyphe dans son labeur éternel.

Depuis l’abandon par Louis-Philippe, en 1830, de la rigueur budgétaire et du contrôle des dépenses publiques, les dirigeants successifs semblent avoir adopté l’adage : « Après moi, le déluge. »

La dette, indifférente aux tergiversations, poursuit son ascension, comme une vieille connaissance qu’on ne sait plus comment éconduire, faute du courage nécessaire pour ajuster et vérifier l’efficience et l’adéquation des dépenses publiques.

La solution est pourtant simple et réduite à un triptyque vertueux : analyser, réduire et contrôler les dépenses publiques.

Sans ce courage, la problématique de la dette devient aujourd’hui tellement insoluble que certains politiques préfèrent s’auto-dissoudre, et on peut appliquer à beaucoup ce que la Palatine disait du Régent son fils, « Il avait tous les talents, excepté celui d
en faire bon usage. »

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