Babylonien

 Vladimir Poutine et Donald Trump au sommet de l’Alaska le 15 août 2025.
 

Nos médias français tournent en boucle sur les inquiétudes liées au budget, transformant ainsi les priorités perçues par chacun. Nous savons que la confiance tant évoquée ces temps-ci est en berne vis-à-vis des responsables politiques, et que notre épargne grossissante est la preuve simple d’une transmission quotidienne aux citoyens d’images négatives de l’avenir. Le budget est un vrai sujet, une dissolution ou une réélection également.

Mais ces fameux deux jours fériés à supprimer ou non (entre autres) ressemblent à des lunettes aveuglantes sur ce qui est réellement en face de nous : notre plus puissant allié est dirigé par un Babylonien.

Tout a été dit ou presque sur D.Trump, mais la lecture biblique de Babylone, capitale antique de Mésopotamie (Irak) est extraordinairement descriptive de l’empire financier associé au pouvoir suprême d’une nation surpuissante militairement et économiquement. En voici les termes symboliques :

Dans la Bible, la première Babylone, capitale de l'empire, montre la puissance du monde sur les hommes. « Déjà, la Genèse y situe la tour de Babel, symbole de l'orgueil humain. Une forte valeur symbolique a été attachée à cette grande capitale au fil des temps. La Bible, qui en fait le symbole de la corruption et de la décadence, en transmet le souvenir et le prestige qui survécurent à sa chute. »

Y voir un lien avec la Trump Tower et autres magnificences immobilières de l’empire Trump est une facilité intellectuelle « d’image », certes, mais à laquelle on ne peut s’empêcher de penser dans cette piste d’analyse. Un autre fait vient à nous presque immédiatement ensuite : le rapport à Dieu de D.Trump. La religion ne l’intéresse pas plus que cela et d’ailleurs le Pape Léon XIV n’est pas tombé dans le panneau. Par contre, à l’instar de ce que Babylone représentait dans la légende, D. Trump s’imagine dans un rapport personnel et privilégié avec le Dieu chrétien. N’est-ce pas lui qui l’a protégé du sniper lors d’un de ses discours de campagne ? L’approche religieuse quasi sectaire des membres de son gouvernement, dont J.D. Vance (vice-président) en est le flambeau insupportable, conduit cet ensemble à répondre « par Dieu » à ce qui n’est qu’incompétence. La comparaison avec l’Islam politique radical est jouable sur ce point, car lorsque les solutions ne se présentent pas d’elles-mêmes, ou sont proprement injustifiables, Allah devient le « je sais tout » bien pratique pour endormir (ou assassiner) les questionneurs.

Du côté de l’Administration Trump on n’assassine pas encore (patience) mais on licencie à tour de bras. Quand on est américain, se faire virer n’est pas loin de l’assassinat, dans l’esprit. On vire donc ceux du renseignement militaire qui prouvent que le bombardement en Iran n’a pas fait autant de dégâts qu’annoncé (Jeffrey Kruse), on vire ceux qui publient une statistique non conforme aux souhaits du chef sur le taux d’emploi, l’inflation ou la pauvreté (Erika Mc Entarfer), on vire ceux de la Banque fédérale américaine qui déplaisent mais sans en avoir constitutionnellement le pouvoir (Lisa Cook) et la liste est loin d’être à jour. Nous savons que la démocratie américaine est en danger. Nous ignorons encore quelles oppositions (le gouverneur de Californie ?) pourront lutter pour éviter une dictature, mais les démocrates se font attendre.

Le point le plus folklorique de la comparaison babylonienne reste la décadence des comportements attribuée à la population de cette ancienne capitale. L’affaire Epstein suivant celle de Stormy Daniels (prostituée payée par D. Trump pour son silence) et les multiples paroles, images et vidéos achèvent le profil nauséabond du personnage. Bill Clinton avait payé beaucoup plus cher pour beaucoup moins que cela.

On pourrait s’arrêter là et se dire, en tant que français, que cela concerne les américains et que nous avons assez à faire ici avec les votes de confiance, les jours fériés et les retraités qui coûtent cher. Mais ce serait comme se cacher dans un placard pour vaincre la peur de l’obscurité.

Les trahisons viennent toujours des amis ou alliés, et nous avons eu une vision de la nuit qui nous menace, en Alaska, ce 15 août dernier.

Babylone était le symbole du « pouvoir sur le monde », mais ce pouvoir Trumpiste d’aujourd’hui ne peut se passer d’alliés. Le Kremlin a bien compris que l’intérêt économique de D. Trump auquel s’additionne un plus que probable dossier épais sur sa personne construit par le FSB, était l’occasion de renaître au monde. Et l’écart entre les paroles et les actions du Président américain étant la règle, l’Alaska a offert à V. Poutine une scène internationale inédite. Qui est le vassal de qui ? Le chantage est une arme puissante en Russie, plus puissante que le droit, les règles ou la simple humanité, et plus puissante que ce Donald Nabuchodonosor du 21e siècle. Ce roi antique avait pris possession de Jérusalem, et pour mémoire, l’ambassade américaine y a pris place lors du dernier mandat Trump. La comparaison babylonienne est décidemment parfaite.

L’Europe n’a pas vu l’obscurité arriver ; ou pas assez vite. Elle se reprend, s’organise, mais il est difficile de se débarrasser d’une culture centenaire dans laquelle l’alliance américaine était non seulement une histoire solidaire mais une forme d’amitié sincère construite dans l’adversité. Il faut oublier cette forme-là pour le moment, et l’Europe y travaille. C’est lent, mais c’est solide, ou ça le sera.

Alors demandons à l’Etat un projet pour la France dans ce monde-là, et non seulement une expertise comptable interminable, juste centrée sur nous-mêmes. On participera aux efforts, mais ne nous trompons pas d’objectif :

Transformer l’avant-guerre en avant-paix.

Note de l’auteur

Cet article ne représente pas une critique sur le fond des personnes publiques, mais une analyse des choses perçues, des risques liés aux communications du monde politique et des enjeux de celles-ci. Les noms cités ne le sont que pour comprendre leur impact au travers de décisions, de déclarations ou de comportements médiatisés.

Laissez-nous un commentaire

Plus récente Plus ancienne