En France, 150 enfants refusés d’accès à un parc d’attraction, parce qu’Israéliens : et si LFI était, indirectement, responsable ?


 Michel Dray
 
Par Michel Dray - Historien, contributeur à l’ouvrage collectif « la déraison antisémite » placé sous la coordination du philosophe Daniel Salvatore-Schiffer (à paraitre en octobre prochain aux éditions Intervalles)

TyroVol est un parc d’attraction situé à quelques encablures de Porté-Puymorens, petit village des Pyrénées-Orientales dirigé par Florent S., quinquagénaire inconnu des services de police, pour ainsi dire, un homme sans histoire au cœur d’une région sans histoire. Pourtant, depuis quelques jours Florent S. fait la une des médias. Il faut dire que 150 enfants israéliens de 8 à 16 ans se sont vus refuser l’accès dudit parc parce que leur nationalité ne plaisait pas audit Florient S.

Comme un arrière-goût de pétainisme

Cette affaire nous ramène vertigineusement à octobre 1940, quand Vichy promulgue son Statut des Juifs consistant à les exclure du reste de la nation française. Et pour mieux faire comprendre aux « bons Français » toute la subtilité de cette loi, le journal pétainiste Le Matin titre dans son édition du 20 octobre 1940 « Israël est désormais exclu de toute fonction publique » La sémantique vaut son pesant de haine. En écrivant Israël est désormais exclu de toute fonction publique au lieu de « les Juifs sont désormais exclus de toute fonction publique » le journaliste du Matin ne fait aucune différence entre le peuple d’Israël et les Juifs de France ; autrement dit l’un est nécessairement synonyme de l’autre ; l’un est forcément lié à l’autre. Plus encore, en usant de l’adjectif « désormais », le plumitif voit dans ce statut des juifs, quelque chose qui était attendu par les Français.

Du danger de l’antisémitisme d’atmosphère

Il me paraît essentiel de lier l’exclusion de ces 150 enfants du parc TyroVol au statut des Juifs car les deux sujets sont intimement liés. Car ramener l’épisode de Puymorens au simple conflit israélo-palestinien serait une erreur, tant l’affaire traduit un antisémitisme d’atmosphère dont Gaza n’est qu’un prétexte. Loin de moi de dédouaner la responsabilité de La France Insoumise, pour qui le Hamas est un mouvement de résistance, pas une organisation terroriste. D’ailleurs c’est là que réside toute la complexité de l’affaire : Florant S. est-il le type même de l’antisémite qui le serait sans prendre conscience de son comportement ? Contrairement à ce qu’on pourrait penser, je ne m’écarte pas du sujet ; bien au contraire. Car si l’historien explore le temps, il est aussi une sorte de clinicien qui cherche à comprendre l’époque qu’il étudie pour mieux éclairer celle dans laquelle il vit. En 1940, une grande majorité des Français n’était pas antisémite ; maréchaliste, la France l’était assurément. Pourtant, hormis une minorité qui allait devenir le noyau dur de la Résistance, la promulgation du statut des Juifs ne sembla guère poser de cas de conscience. Posons-nous alors cette question : Florent S est-il un antisémite militant ou bien un antisémite conditionné ? La question est essentielle. Un antisémite militant est plus facile à combattre qu’un antisémite conditionné ; le premier assume sa haine, là où le second, individu apparemment sans h histoire, se tapit dans l’ombre. Pour beaucoup, parce qu’il a dit aux gendarmes qu’il avait refusé l’entrée de son établissement en raison de convictions personnelles, et quand bien il est revenu sur sa déposition en arguant des raisons de sécurité, assurément Florent S. est un antisémite militant et que, à ce titre, il doit être sévèrement puni par la loi, d’autant que notre pays possède en matière de lutte contre le racisme en général et l’antisémitisme en particulier un sérieux arsenal juridique.

Tout est question de conditionnement…

Pour autant, une telle conclusion ne me satisfait pas, car je considère Florent S. comme un antisémite conditionné, un loup solitaire sorti du bois précisément parce que d’autres, antisémites militants ceux-là, ont depuis plusieurs mois préparer le terrain. Florent S. Est un pauvre type, un individu perclus d’ignorance et rongé de bêtise ; bref le mouton idéal pour les hiérarques de certains partis politiques, et disons-le nettement, pour l’état-major mélanchoniste noyau dur de la France Insoumise. Si, en octobre 1940 le statut des Juifs est passé comme une lettre à la poste, c’est tout simplement parce qu’on a préparé les Français à trouver ce statut comme « normal » Si Florent S. a agit comme il l’a fait c’est parce qu’il a été inconsciemment préparé à cet acte.

L’antisémitisme d’atmosphère repose essentiellement sur une vision-du-monde manichéenne où Israël appartient forcément au camp du Mal. Et, à l’instar du journal pétainiste Le Matin qui titrait « Israël est désormais exclu de la fonction publique » il faut comprendre le discours des mélanchoniste par « Les Juifs sont désormais exclus de la vie internationale ». Voilà pourquoi, Florent S. entièrement conditionné par le discours des Insoumis et de ses médias alliés, a pu aller au bout de son acte.

Le temps des pyromanes

La France Insoumise pourra toujours clamer le contraire : entre la politique de Pétain et la façon dont elle organise l’antisémitisme d’atmosphère, un papier à cigarette ne passerait pas tant les deux comportements se ressemblent. Mais qu’on ne se méprenne pas. À vouloir politiser l’antisémitisme, on finit par le légitimer d’une façon ou d’un autre. Beaucoup de villes se prévalant soit de LFI, soit des écologistes arborent fièrement le drapeau palestinien aux abords de leur mairie comme pour affirmer urbi & orbi leur attachement à la cause palestinienne. Mais le simple fait de ne pas placer côte-à-côte drapeau israélien et drapeau palestinien, — ce qui, à mes yeux eût été une preuve de grande courage — démontre le plus clairement du monde qu’à leur yeux Israël n’existe pas. Mais la France Insoumise, même si elle occupe le haut du podium dans l’encouragement antisémite n’est pas l’unique responsable d’une telle atmosphère délétère. Emmanuel Macron, depuis le jour où il a refusé de participer à la grande marche républicaine contre l’antisémitisme, n’a cessé de faire faux pas sur faux pas. Comme je l’ai écris ailleurs, sa reconnaissance d’un État palestinien est précipitée même si, à mes yeux elle répond à la marche de l’histoire. Mais, croire qu’en septembre prochain aux Nations-Unies, les Gazaouis seront libérés simplement parce que des chefs d’États reconnaitront la Palestine, c’est tout simplement croire au Père Noël et surtout donner satisfécit au Hamas, lequel se fiche des Gazaouis et à LFI, laquelle ne pense qu’à clientéliser les Français d’origine immigrée.

Voilà pourquoi, à travers le procès de Florent S., il faudra faire celui des pyromanes politiciens.

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