■ « Ellas, trois légendes espagnoles ».
Par Maître Jean-Philippe Carpentier - Avocat au barreau de Paris, consul honoraire du Luxembourg avec juridiction sur la Normandie et Président du Corps consulaire de Normandie.
Toutes les semaines, je donne mon avis dans Le Contemporain sur divers sujets d’actualité et de société.
C’est donc avec une forme de surprise que j’ai été contacté, il y a quelques semaines, par monsieur Philippe de Lacvivier, éditeur au sein des Éditions du Drapeau Blanc qui m’a proposé de m’adresser le nouveau livre de sa maison d’édition pour que je puisse livrer mon avis littéraire.
Josep Maria de la Selva, l’auteur, vient d’y publier un livre intitulé Ellas et sous-titrés 3 légendes espagnoles.
Le nom des légendes, pour moi qui ne suis pas hispanophone, ne me parlait pas à l’exception d’une d’entre elles, paella, naturellement pour des raisons purement culinaires.
Intrigué, je suis rentré dans les récits avec la première légende, Torroella.
Le récit est bien écrit, dans un bon français, ce qui est agréable.
L’affaire se place en plein moyen-âge. Un capitaine est confronté à un parangon de haut lignage et l’amour courtois s’efface et laisse place, suite à une trahison, à la nécessité de combattre un serment pour complaire à un suzerain.
La fin de l’histoire est dramatique pour ses protagonistes, sous-tendue par le concept moyenâgeux du Memento Mori, avec pour leçon « Toujours justice se fera, même quand l’injustice aura régné ici-bas ».
La second légende, intitulée Maella, conte la dureté d’un seigneur qui use et abuse de son droit de haute justice, à tel point que quelques-uns se révoltent, malgré le peu de chance de succès de leur entreprise.
Leur chef Rodrigue laisse derrière lui une belle fiancée, qui après la capture des révoltés fera tout pour obtenir la grâce de ces derniers.
Voyant la stupéfiante beauté de la fiancée du chef, le seigneur en tombe éperdument amoureux et lui demande sa main en échange de la libération des prisonniers.
L’aventure a une issue heureuse malgré un sacrifice immense que seul le lecteur pourra découvrir.
Moins dramatique et plus récente, la 3e légende, Paella m’a donné raison sur ma première impression, elle est gastronomique.
Cette légende intervient pendant l’invasion de l’Espagne par les troupes bonapartistes.
Les Bourbons espagnols, perçus dans l’histoire comme étant naturellement vernaculaires, et non-français, avaient été mis entre parenthèses par un frère de Bonaparte.
Une jeune espagnole fiancée à un soldat prisonnier, devient la cuisinière d’un général, commandant de forteresse, gastronome qui à chaque nouvelle paella, différente de la précédente, libère un prisonnier.
Cette histoire qu’il faut impérativement lire, la légende d’Alaquàs, serait encore aujourd’hui à l’origine du succès du plat populaire.
C’est peut-être l’épilogue du livre, une sorte de codicille philosophique, qui apporte la clé.
Elle ramène à mes sujets habituels d’histoire et de société avec une perspective supplémentaire que le moyen-âge nous apporte à tous et une clé d’analyse historique, celle de la généalogie.
La mise en évidence du lien entre les héroïnes du livre avec la vierge Marie est elle-aussi tout à fait séduisante, l’auteur précisant « c’est surtout d’ELLE que nous voulons parler : la bienheureuse Vierge Marie ».
Pour terminer ce propos et donner complètement mon avis, je me suis penché dans la lecture d’un livre de ma bibliothèque personnelle intitulé « prières et instructions chrétiennes pour bien commencer et bien finir la journée », ce livre a un côté historique, tout comme celui que je viens de commenter, puisqu’il appartenait à la comtesse d’Artois.
Il porte sur sa dernière page ce qui était nécessaire à l’époque pour pouvoir imprimer, le privilège du roi, qui seul pouvait en donner l’autorisation.
Et bien, si avant d’imprimer monsieur de Lacvivier m’avait sollicité pour avoir mon autorisation, non seulement il l’aurait eue avec plaisir, mais comme avec cet article j’aurais incité chacun à lire le livre dont il est l’éditeur.
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